La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello
206 Correspondance d 'A. Bai/Ir - 1652-1653 Le Roy en eu t l a nouvel le estant à table, et ayant sceu que ce Cardi na l n ' avait poi n t disné, i l l uy envoia trois plats qu ' on venait de l uy servit-+. li a es té conduit au Bo i s de Vincennes, accompagné de s i x compagn i e s du regiment des gardes, et de celles des gens-d' armes , et des c hevaux l egers. Mons[eigneu]r l' Archevesque, et tout le c lergé de Paris, tant secu l i er que regulier, sont all és en corps ce mattin demander ce Cardinal au Roy, mais en vain'. On a exposé l e Saint / ( f0 1 v) Sacrement dans toutes les parroesses pour marquer I' etonnement et la tri stesse des brebi s privées de leur pasteur. On parle que l' Archevesque pourra bien commander de fermer les egl i se s j usques à ce que l ' on a i t mi s e n l i berté son coadj u teur". Tant y a que l e desordre es t grand, quoiqu ' à l a verité l e prison i er avai t tous-jours b i en brou i l l é l e s c artes , et qu ' on l u y ava i t as sés fai t conoi stre qu ' i l devai t s ' cloigner d e Paris. La comtesse de Boussu est retournée en Flandres sans avoir pu flechir M . le duc de Guise, qui persi ste tousjours a aimer Mademoiselle de Pont7. M. le b [ aron] de Sainte F[riquc] n ' escrit plus parce qu ' il est où son devoir l ' appe l l e , et la dcrniere fo i s qu ' i l v i nt i c i , nous demeurâmes tou s deux d 'accord qu ' i l val a i t mieux se taire que donner des nouvelles fascheuscs, e t qui vra i s emb l ab lement l e seron t tousj ours p l u s . On nous menace d ' ctranges desordrcs" / ( f0 2r ) d ' ici à Pasques. ' Dans ses Mémoires, Retz se souvient du fait que ce furent des « oflïciers de la bouhe » à lui apporter à manger. de leur volonté. « ce qu'on trouva très mauvais à la cour ,, (Œ'u1Te.1· du cardinol de Retz. op. cit.. t . I V. p. 45 1 ). ' Ce qui manqua à J' action du clergé pour être véritablement e fficace fut J' appui fort et inflluent de l 'archevêque de Paris qui ne se remua que par bienséance. Le chapitre de Notre Dame s'organisa néanmoins et « ordonna des prières de quarante heures pour la liberté du cardinal. avec l 'exposition du Saint-Sacrement. qui dura trois jours entiers. quoique le sieur Le Tel l ier leur eüt porté un ordre du Roi pour faire cesser cette dévotion » ( Mé111oires de Cuy .lolv. cit .. p. 86). r. Selon Guy Joly. le chapitre et les curés de Paris auraient fermé Notre-Dame et toutes l es églises. « si l ' archevêque les eüt voul u appuyer ( . . . ). Mais l ' archevêque étoit bien éloigné de prendre parti dans cette affaire. tant par sa fai blesse naturelle qui étoit connue de tout le monde. que par une jalousie ridicule qu ·il avoit conçue de son neveu depuis sa promotion au cardinalat » (Mémoires de Cuv .lof_, .• ibid.). 7 Cf. la gazette 290 et ses notes l 0 et 1 1 .
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