La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello

244 Correspu11da11ce d 'A. Bai/Ir - 1 652- 1 653 M. le marquis de Richelieu arriva'· sammedi passé à Gentil i6, oi1 Madame de Beauvais7 a une assés belle maison. Elle, et la Marquise sa fi l le al lerent, à trois heures aprés midi dans un carrosse de la Reyne, suivi de deux valets de pieds de sa Magesté, et d ' un laquai du marquis de Richelieu, avec assés d ' eclat recevoir cet epoux, et l e menerent le l endemain à la cour fort leste, et fort satisfait8• / ( f° 2v) Madame d ' Aigui l lon a regardé ce retour avec une admirable fermeté de courage, au moins apparemment'1, et n ' a dit en substance sinon qu'elle avoit '' La baronnie de Gentilly, proche de Paris. appartenait à Pierre de Beauvais, ancien substitut du procureur général au Parlement de Paris et conseiller d' État ( 1 643 ). décédé vers 1 674. Le marquis de Richelieu était son beau-fils. Le baron de Grésy, en relatant cette sortie du marquis de R ichelieu, écrit qu' i l se rendit à « Chantilly », mais i l s ' agit d 'une erreur (cf. A.S.T., Corte, Lertere Mi11istri-Francia, m. 60, fasc. cité, lett. 1 1 /4 du 30 janvier 1 65 3 , à M. R . ) . En effet, d ' autres gazettes manuscrites confirment la nouvelle rapportée par Bai l l y. Dans le ms.f. fr. 5844. par exemple, on l i t que le marquis « se rendit au village de Gentilly, au delà du fau xbourg Saint Marceau, dans la maison d ' u n sien amy. où sa nouvelle espouse le fut voir et, ayant couché ensemble. i 1 s'en est trouvé sy content qu' il veut maintenir son mariage et l'on dit desjà qu'on luy va donner des brevets de duc affin que sa femme aye I . e tabouret chez la Reyne » ( Paris. BNF, ms. cité, gazette datée Paris. le 3 1 janvier 1 653, t'O l 40r). ' Catherine- He nriette Be l l ier. baronne de B eauvais ( vers 1 6 1 5- 1 690 ) . E n 1 634, elle était devenue la femme de P i erre de Beauvais . Premi ère femme de c h ambre de la rei n e , elle conserva cette ch arge j usq u ' à l a mort de sa maîtresse. Catherine avait été chassée e n 1 649, et pui s rétab l i e en 1 65 1 . à cause d' une lettre que l e marquis de Jarzé l u i avait e nvoyée et qu ' on retrouva. Saint-Si mon l a défi n i t « une créature de beaucoup d ' ésprit, d ' une gra nde i n trigue, fort audac i e u se ( . . . ) . Une femme avec qui les p l us grands et les p l u s autorisés on t longtemps compt é et q u i , toute v ie i l le , h ideuse et borgnesse qu · el le était devenue. a d e temps en temps continué d e paraître à la cour en grand habit comme une dame et d ' y être traitée avec distinction j usqu ' à sa mort » ( SA I NT-S IMON, Mémoires ( 1 69 1 - 1 70 1 ) . Additions au Journal de Dang e a u , texte établi par Y. COIRAULT. Gallimard, 1 983 «B ib liothèque de la Pléiade», t.I. p. 996. poi nt 5 8 ) . ' « On asseure q [ue] l e Roy l u y donne 36000. [livres l de rente s u r l e s aydes, e t u n e pension de 6000. [livres] en consideration de ses services, et le brevet de duc » (A.S.T.. Corte, Lertere Mi11.istri-Francia, m.58, fasc. 7, « Lellere del sig. Des Champs . . . 1 652 e 1 653 ». lettre 8/2, du 3 1 janvier 1 653). " En réali té , vexée au p l u s haut poi n t , e l l e se d isait prête à s'en aller. pour quelques temps, chez le cheval ier de Sévigné, en Turen ne. Cf. A . S .T. . Corte, Lettl!re Mi11istri­ Francia, m.60, lett. 1 1 /4, du 30 j anvier 1 653, du baron de Grésy à Madame Royale. Le nouvelli ste du ms.f.fr . 5 844 ajo u te : « La Duchesse d ' Aigu illons. i nd i gnée p l u s que jamais contre l e marq u i s de R i ch e l i e u son nepveu à cause q u ' i 1 veut mai n t e n i r son mariage avec M ademoiselle de Beauvais. ne temoigne p l u s tant d ' aversion à celuy d u du c de R ichelieu. lequel a eu perm i s s i on de la voir. On croie! [ si c ]