La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello

252 Correspondance d 'A. Bai /I r - 1652 - 1 653 engagea! ceux qui les verront. à" les lire, sur tout que je presuppose que les persones qui s ' en servi ront sont spirituel les, et pieuses. / ( f0 2v) Mons' le Cardi nal arriva l undi à Parisï. Le Roy luy alla à l a rencontre, et l e fi t asseoir sur l e derriere du carrosse, à sa ma i n gauche, dont i l l e tint tousjours embrasse. On ne dit n i bien n i mal par les rues. On ne cria point "vive le Roy". Il est vray que le peuple, voyant passer l e mattin ceux qui luy allaient à la rencontre, crioit aux Masarins. I l y eu t h i er un commencement de soulevement dans l a grande sa l eJ du Palais. Les marchands, voyant les compagnies des" gardes environer leurs boutiques pour l a garde de M . le Premier Presiclent9, crierent aux armes, et ----- ----- 1 Jules Mazarin rentra dans la capitale le 3 février 1 653. Cela provoqua ùes mécontentements et des insolences ( le baron de B lot. par exemple. lui dédia ces vers : À Io fin malgré tour le mmule, / Malr;ré Princes, malgré Fronde, / Malgré nos plaintes el nos cris, / Après d 'effinvahfes Tempéres. /Jules est rentré dans Paris / Er remonre dessus sa h é te : cités par H. CARRJER, La Presse de laFronde ( 1648- 1653) . . . Les hommes du livre, op. cil., p. 378). Mais, en général, la réaction absolutiste et loyaliste continua à se déployer sans obstacles. On le vit bien le 29 mars 1 653. d'ailleurs, l orsque la ville offrit au roi . à la reine et à leur ministre un banquet somptueux et que la foule redoubla ses applaudissements chaque fois que le cardinal se montrait à la fenêtre. La Fronde était véritablement tïnie 1 ' « Pour contenter sa vani té et pour s · assurer entièrement contre la mauvaise volonté du peuple de Paris, [Mazarin ] obtint que Sa Magesté vînt à sa rencontre » (Mémoires du comte de Brienne. op. cit.. p. 1 45 ) . Le roi se déplaça alors « jusqu'au Mesnil-Amelot. malgré le très mauvais temps » ( LORET, La Mu�e his1orique. op. cit.. t.1, p. 339). D' après Montglat. le roi alla recevoir son ministre au Bourget, « d'où l ' ayant fait mettre dans son carrosse. i l le mena saluer la Reine a u Louvre, laquelle étoit dans u n excès d e joue q u i n e s e pouvoit exprimer » (MONTGLAT. Mémoires, op. cit., p. 286). Au Louvre, Mazarin. « qui lavait] rapporté des moustaches qui lui mont[ai]ent jusques aux aureillcs », assista à de grands feux de joye « où ses armes estoient à costé de celles du Roy ; on entendit un grand bru i t de pétards et de pets de fusée durant une heure » ( lettre de M' de Marygny à Lenet, envoyée de Paris, le 5 février 1 653, dans les Mémoires de Pierre Lener. op. cit., p. 595) . Sur cette glorieuse rentrée du cardinal-ministre. cf. aussi le ms.f.fr . 5 844, cit., f0 l 42r et la lettre que Mazarin écrivit au ministre Le Tellier et qu'on trouve dans les Œuvres du cardinal de Ret-::,, op. cit., t.I V, note 2 p. 425. '' À cette époque, le premier président du Parlement était encore Mathieu Molé, qui ne démissiona en faveur du président Bel 1 i èvre que le 28 avri 1 1 653 ; cf. MONTGLAT, Mémoires, op. cit.. pp. 286-287. Dès le mois de janvier. la question du payement des rentes avait dégénéré et Molé était dévenu la cible faci le des revendications des ren t iers ; une escorte armée lui avait été assigné même ; cf. VALLIER, op. cit., t . I V, p. 1 70.

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