La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello

3 1 8 Corrc.1po11dw1ce d 'A. Baill.v - 1652-1653 Au premier chef, elle m' a dit qu ' e l l e souffrait fort patiemment qu ' on l uy en fit la guerre, et que ce mariage estoit l a passion de son pere, ma i s qu ' i l aimoit s i fort cette fil l e, et deferoit tant à son j ugement, qu ' i l la laissera fai re tout ce qu ' e l le voudra'x. Au second, q u ' e l le est extremement bonne , fort / (f0 3r) j ud i c i euse , et, creignant Dieu, bien fai te de corps, b londe, fort b lanche '", mai s l e vi sage mediocrement bien tail lé, et les yeux petits�0. " Selon M"" Cuénin, les pourparlers qui se faisaient en ce temps-là pour le mariage entre Mademoi sel l e de Longuevi lle et le duc de Nemours n ' étaient que des rnanœu v res de dépistage mises à exécution par l a jeune darne pour cacher sa véritahle intention : celle d'épouser le duc d ' York. Cf. l ' introduction des Mé111oires de Marie d 'Orléans . . . . op. c i t.. En effet. à la tin de 1 650, les bruits sur un mariage probable entre Marie d'Orléans et James Stuart duc d' York avaient à peine commencé à c irculer que les fu reurs de la Fronde parisienne empêchèrent Henriette cl' Angleterre de poursuivre ce projet. Mais Mademoiselle de Longuevi lle n ' oublia pas ce duc, même la Fronde terminée (op. cit.. pp. 22, 25-26. 27). « Le prince [ Henri de Savoie-Nemours l est-il entré dans le jeu ? C'est bien possible. ( . . . ) Songe-t- i l vraiment à s ' un i r à Mademoiselle de Longuevi lle. dont i l ne peut ignorer la fidélité aux Stuart ? Il n' est pas i mpossible qu' il ait poussé l ' amitié jusqu ' à favoriser les desseins de la princesse ( . . . ). Pour donner mieux le change. le duc. père de la pretendue fiancée, est revenu en Ile-de-France avec son épouse. Cependant, ( . . . J la police du cardinal a fait intercepter le courrier de Flandre. et tout est découvert. Un exprès est dépêché à Ivry, oü réside le duc de Longueville. pour lui faire savoir que ··Je Roi trouve mauvais" le projet auquel i l a prêté son concours. e t q u ' e n conséquence. i l l u i est enjoint "'de presser l e mariage d e s a til le avec le duc d e Nemours" » (pp. 27-28 ) . À propo � des senti ments que l a jeune fille nourrissait envers le duc de Nemours. Mademoisel le de Montpensier écrivit, clans ses Mémoires : « Elle souffrait ce garçon : i l soupait tous les soirs chez clic : enfin, elle s ' embarquait furieusement » . Contra i n te d ' entreprendre des démarches. et particulièrement une demande de dispense à Rome, Marie désirait gagner du temps (cf. œuvre de Cuén i n . c i tée, p. 2 3 5 note 1 8. c i tation t i rée des Mémoires de l a G rande Mademoiselle comprise). Il est bien vrai. d ' ai l leurs. que le jour de son mariage, le 22 mai 1 657. Marie pleura heaucoup et le nouvel époux fut pris d'une « grosse fièvre en sortant de l ' église » : cf. ibid. p. 29. ,,, Dans la Muze historique de Loret aussi, on fait pa1fois allusion à l'extraordinaire blancheur de la peau de Mademoiselle de Longueville. Cf.. par exemple. la lettre l. du 4 janvier 1 653. oi1 le gazetier en vers s' adresse à l a duchesse en l ' appelant « blanche dedans. blanche dehors » (op. cit.. t.L p. 327). '" Saint-Simon nous a laissé un portrait physique un peu caricatura l de cette dame qu ' i l n e rencontra que lorsqu'elle avait près d e quatre-vingts ans. « Dans son jeune âge. Marie d' Orléans fu t certainement moins belle que la seconde femme de son père mais, outre ses yeux ·· v i fs et rai l leurs '', e l l e avait ce q u ' on appelait alors de l ' éclat : une chevelure b l onde b i e n fournie et fri sant n a t u re l lement et surtout un t e i n t très h l a n c . comme l ' ex i geaient l e s sévères canons de beauté du temps » . Cf. l e s Mémoires de Marie d 'Orléans . . . , op. cit., p. 1 4.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=