La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 58 Corre.1pondw1ce d 'A. B({il/y - 1673-1 676 Dans mon desert je m' apl ique, corne faisoit autrefois le sçavant poete Nazianze8, à ecrire tantost des sermons et tantost des ouvrages innocem ment profanes. J ' en travaille à present un qui me tenoit au cœur depuis long temps et c ' est le portrait en grand de M. R . , n ' aiant pu souffrir que Monsieur de Saint-Real9 ait fait celui de l a duchesse Mazari n 1 0 et oublié le tableau de sa souveraine. Je le promets à M. R . / [f° 2v] par la lettre cy jointe 1 1 • Je supplie tres humblement Votre Excellence, Monsieur, de la l ui remettre en main propre et d' apuier s ' i l vous plaist mon petit zele de votre puissante protection. x Bai lly exprime à plusieurs reprises son sentiment de se sentir isolé et à l 'écart dans l a tranyuille ville d' Aoste, surtout par rapport à la vie frénétique qu'il avait menée ü Paris (Sur la passion de Bailly pour Paris cf. P. CIFARELU, Le 111vthe de Paris dans la correspon dance inédite de Mgr Albert Baill.v, dans A lhert Bailly, trois siècles après - 169 7 - 1 99 1 , Actes d u Col loyue i nternational d' Aoste ( 1 1 - 1 2 octobre 1 99 1 ). réunis par M. COSTA, Aoste, Imprimerie Valdôtaine. 1 993, pp. 95- 1 07). C'est pourquoi il se compare au père de l ' église Saint Grégoire de Nazianze (325-390), qui, aimant la réflexion, se retira avec Saint Basile dans les désert du Pont. Saint Grégoire, qui fut évêque de Constantinople, nous a l aissé cinquante-cinq Discours, un grand nombre de poèmes et des Le1tres. Il associe dans ses écrits l ' éloyuence profane et l'orthodoxie rel igieuse. Cf. Bihlioteca Sanctorum, Roma, C ittà Nuova Editrice, 1966, 1 7 vols. parus, t. Vll, pp. 1 94-204; Dictionnaire d 'histoire et de géographie ecclésiastiques. cit., t. XX I I , 1 988, col l . 1 5- 1 8. 9 César Vichard, abbé de Saint-Réal. Né à Chambéry en 1 639 d' une fami lle assez distin guée dans l a magistrature. Après des études chez les jésuites à Paris, il rentra à Chambéry où il connut Hortense Mancini, duchesse de Mazarin. li la suivit en Angleterre et il écrivit pour elle les Mémoires de la duchesse de Maz.ari11, plutôt un panégyrique qu' une biogra phie. De retour en France, il reprit ses études et il fut nommé historiographe de Savoie par Marie-Jeanne-Baptiste en 1 680. Son roman historique Don Carlos. publié en 1 672 lui valut une renommée considérable. E. A. DE FORAS, op. cit., t. V, pp. 596-597 ; A. MANSAU, Saint-Réal ou / 'humanisme cosmopolite, Lille, Atelier de reproduction de thèses, l 976. 10 Hortense Mancini, fi l le de Hyéronime Mazarini et du gentilhomme Lorenzo Mancini, na quit à Rome en 1 646 mais fut amenée à Paris à l'âge de six ans pour y être élevée auprès du cardinal, son oncle. Très belle, elle eut beaucoup de prétendants, parmi lesquel s Louis XIV et le duc de Savoie, mais Mazarin la maria à Armand-Charles de la Porte de la Meilleraye. En 1 668, exaspérée par l 'incompatibilité de son caractère vif avec celui du mari j aloux et avare. elle décida de s'enfuir à Rome. Après des aventures diverses elle séjourna de 1 672 à 1 675 à Chambéry, où elle fut chaleureusement reçue par Charles-Emmanuel li, avec qui elle entretint des relations étroites. Après la mort du duc elle quitta l a Savoie et elle s' i nstal la en AngleteITe, où elle mourut en 1 699. DE LA CHENAYE DESBOJS et BAD!ER, Dictionnaire de la nohlesse, Paris, Schesinger. frères, 1 863- 1 876, 1 9 vols., t. Xlll, p. 95; C. BouvJER, La duchesse Hortense Mazarin à Chambéry ( 1672-1675), Chambéry, Imprimerie Savoisienne, 1 897 : J. H r L LAIR ET , op. cit .. pp. 93- 1 1 0 ; Y. SINGER-LECOCQ, La tribu Mazarin, Paris, Perrin, 1 989, pp. 388-393; Mémoires d 'Hortense et deMarie Mancini, édition présentée et annotée par G. DoscoT, Paris, Mercure de France, 2003. 1 1 Cf. lettre précédente.
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