La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 729 1 83 surer que le caractere de l ' auteur. V.A.R. m' entend bien. I l est vrai, j 'entre dans leur sentiment. J ' ay travaillé ce semble d' abord cet ouvrage un peu trop galemment etant ce que je sui s et il y a quelque aparence que je devois laisser peindre les airs et la maniere delicate avec lesquels" Dieu a formé votre corps à un peintre qui eut un pinceau en main et non pas une crosse. Mais, Madame, que j ' ai des raisons / [f0 3r] pour justifier ma hardiesse ! J' en choi sis une seule entre mille et la voici, mai s incontestable et invinci­ ble. S ' i l en souvient à V.A.R. il y a plusieurs années que j e vous envoiei au moins en partie ce mesme portrait7 et j ' y ai ajouté peu de choses. Mesme j 'en ai aussi retranché plusieurs de celles qui tombent sous les sens . V.A.R. m' en remercia avec des eloges e t ce fut Monsieur le comte Sansoz qu i fit l a lettre parce que c e fut l u i qui vous presenta c e tableau de tout l e bon e t de tout le beau que Dieu a repandu sur vostre esprit et sur votre corps. Voici, Madame, le denouement de mon dessein . Et je vous en fai s confidence, devant Dieu et comme si c ' etoit au p ied de mon confesseur. Je sçavois les intrigues de feu S .A.R. avec ces mal-heureuses qui faisaient ces plaisirs illicites8• / [f° 4r] Et comme ce grand Prince n ' avoir que ce faux \ et / seul panchant, pour l ' en degager et vous attirer tout le fonds de ses amours, j e crus devoir envoier à la cour votre peinture, l a mieux travaillée qu i me fut possible, pour lui doner la curiosité de l a voir et de confondre son coeur qui prenait des engagements avec des beautés qui n' aprochoient pas des votres. Voilà, Madame, en conscience, la fin que j ' eus dans mon ouvrage. Et comme il fut alors innocent et agreable à V.A.R. je m ' assure qu' il ne devra point à present degenerer sur tout que j ' en ai, comme j ' ay dit, osté 7 C'est le portrait 'en petit" de la duchesse qui remonte au mois de décembre 1 664, lors­ que, après son court mariage avec Françoise-Madeleine d'Orléans (duré de février 1 663 à janvier 1 664 à cause de la mort prématurée de la duchesse) le duc est en négociation pour épouser en deuxièmes noces Marie-Jeanne-Baptiste. Bailly, gui depuis longtemps avait encouragé cette union. rempli de joie, ne retient pas sa plume et rédige ce portrait élogieux de la future duchesse. Une copie de ce portrait est jointe à la lettre lettre 756. l i a été transcrit dans notre Introduction e t commenté clans A . AMATUZZI, « Un evesque qui s 'amuse . . . », cit., pp. 279-286. 8 Le duc Charles-Emmanuel Il eut plusieurs maîtresses dont il eut cinq enfants. Avant son mariage il eut une relation avec une dame d' honneur de sa mère Marie-Christine: Jeanne­ Marie de Trécesson. duchesse de Cavour. Ensuite il fut infidèle à sa femme avec Gabrielle Mesmes de Marolles et avec Hortense Mancini, nièce du cardinal Mazarin . G. C LA R E TT A , Storia del regno, cit., t. 1 , p. 474 et t . Tl, pp. 1 6-22. Bailly évoque l a conduite morale vo­ lage et répréhensible du duc défunt pour faire tomber sur ce dernier la responsabilité de sa décision de mettre en évidence les qualités physiques de Marie-Jeanne-Baptiste dans l a rédaction d e son portrait.

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