La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

224 Corrnpondance d 'A . Bain,· - 1 6 73- 1 676 indults de la courone, et qui , loin de se justifier, à Chamberi n ' a pas daigné, depuis qu' i l y est, repondre à deux commandements divers que le Senat lui a fait de produire ses faits j ustificatifs ? Je n ' ose pas vous dire, Madame, quoique tout Chamberi le dit, que ce malheureux, au l ieu de se justifier, a continué d ' y faire l ' amour à une femme dont il a eu un enfant et qu' il a par un excés d' impieté tenu sur les saints fonds3• Cela est manifeste à tout avoir gardé des femmes en sa maison et avoir frequenté les cabarets au mespris des statuts de sondit evesque et il s'est porté pour appel lant cle cette sentence à Rome. Le second pro­ cés qu'il at heu contre luy a esté formé par devant mon official où ledit Seigneur evesque se plaint que ledit chanoine Roi le diffamoit dans toutes les compagnies, parloit contre sa reputation et mesme usoit de menaces contre sa vie et mon official, aprés avoir fait informer contre ledit Rol et aprés l ' avoir fait assigner et contumacer, il l'aurait condamné à demeurer suspendu in divinis et il faire reparation d' honneur à son evesque en presence du vcnerable chapitre de la Cathedrale d'Aouste. Et il at encor appelllé de cette sentence à Rome où. contre les deffences faittes par vostrc Senat cle Savoye et contre les privilegcs que les sou­ verains Pontifes ont accordé à cette Royale Couronne. il a fait assigner l 'evesque d'Aouste. ses officiers et les miens par devant un certain clerc de la chambre, commis pour j uger lesdittes deux appellations par l u i emises à Rome ; et, comme personne n ' a comparu clans ladite instance. pour ne rien faire contre les interestz et les droicts cle cest estai, ledit clerc cle chambre commissaire, sans avoir en main aucune des procedures qui avoient estés faic­ tes en ce pays. at cleclaré innocent ledit Roi et l uy a accordé tout ce qu'il a demandé avec despens et. ledit Roi pretendant faire executer sa sentence, i l en at esté empeché par des appel lations comme d'abus que l 'on a relevé par devant le Senat de Savoye. Et c'est pour se deffendre dans ces appellations que VA.R. a permis audit sieur Roi. Mais il at heu encor un troisiesme procés avec son evesque pour lequel il n ' a j amais appel lé il Rome qui a esté formé sur une plainte qu' il a fait il y a quelques temps par devant son official que le cha­ noine Roi avoit fait un libelle diffamatoire contre sa reputation et que par des vers satiriques il l 'accusoit du vice le plus honteux à une personne de son caractere y meslant mesme les parol les sacrées de la Sainte Escriture ; et 1 'official aprés avoir informé, cité et fait contuma­ cer ledit Roi i l l ' auroit condamné à des peynes assés legeres. C'est pourquoy le procureur fiscal de l 'officialité d' Aouste en at appellé par devant mon official comme metropolitain et at demandé qu ' i l fust chaslié par des plus grandes peynes et mon official ayant fait assigner ledit Roi lequel, s'estant rendu contumax et clesoibeissant à justice, at obl i gé mon official de donner contre luy des lettres de prise de corps en vertu desquelles il l ' a fait mettre clans les prisons de cette ville ces jours passés et je crois qu'il a esté ouy par Monsieur Lambert. official du Monseigneur l 'evesquc de Grenoble que j'ay commis pour cet effect et pour evitter la peyne de le faire transmarcher dans les prisons de l' archevesché de Tarantaise par où V.A.R. peut connostre que la cause de sa prison et de sa detention est bien differente des procés pour rai.son desquels il avoit esté renvoyé au Senat de Savoye. Voyla toutte la relation au vray de tous ces differents que j 'escris pour obeir aux ordres de V.A.R. et pour l uy tesmoigner mes tres respectueuses soubmissions comme estant, Madame, De V.A.R . . . . » 1 Bai ll y fait u n jeu de mots entre les fonts baptismaux et le nom de l a fil l e qui aurait eu un enfant de Roi, qu i s' appelle Madame de Saint-Fonds (cf lettre 748).