La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Introduction 2 1 II parsème ses lettres d ' éloges versifiés en l' honneur du duc et de la du chesse (cf. par exemple poèmes 704, 705) La passion imprudente : les portraits À travers la lecture des lettres contenues dans ce volume nous découvrons les talents de portraitiste de Mgr Bailly16, son éclectisme artistique, sa vo lonté de se mesurer avec des moyens expressifs divers et sans doute pas i mmédiatement famil iers pour lui. Au XVII" siècle, le mot 'portrait ' , forgé en ancien français à partir du pré fixe à valeur intensive ' pour' et du verbe 'traire' (tracer, dessiner)17, appar tient au sens propre au domaine des arts plastiques et i ndique I ' « image, [lal ressemblance d' une personne par le moyen du pinceau, du burin ou du crayon »1�. Mais i l commence peu à peu à acquérir une autre acception, servant à désigner « la description qui se fai t par le discours ou par écrit d ' une personne »19 et à être donc employé dans le domaine de la littéra ture-+11. D ' abord i nséré dans des œuvres dramatiques ou hagiographiques, dans les mémoires ou les romans4 1 , il trouve son apogée avec l ' émergence IDEM, Un prélat et un homme de q1w/i1é : lmits de caractère dans A lbert Bai/Ir évêque d 'Aoste. trois siècles après, cit., pp. 1 9 1 -204. 1(' Nous renvoyons, pour une analyse plus approfondie de l ' activité de portraitiste de Bailly à notre article « Un evesque qui s 'amuse à faire la cour aux Muses » : Monseigneur Bail/_\· portraitiste, dans Mgr Bailly quatre siècles après sa 11ai.1sance, cit., pp. 265-293. 17 Frwr::.iisisches Etnnologisches Wôrlerbuch, t. 1 3. l ''' partie, p. 1 8 1 s. v. trahere. ix Le dictionnaire de / 'Académie Françoise dedié au Roy, Paris, Coignard, 1 694, 2 vol., t. li, p. 586 s.v. traire. 19 Antoine FURETIIoRE. Dictionnaire universel contenant generalement tous les 111ots fim1- çois. flint vieux que modernes . . . , La Haye-Rotterdam, Arnoul et Reinier Leers, 1 690, 3 vol., t. III. s. v. portrait. 40 Le définition que donne P. RICHELET dans Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets tirées des meilleurs auteurs, Paris, B runet, 1 698, 2 vol., t. 1, pp. 1 87- 1 88. plus articulée. souligne les liens de dépendance existant entre l e portrait écrit et le portrait peint: «Le portrait est u ne description grave, enjouée ou satirique de quelque personne. li a pour matiere le corps. ! 'esprit, les vertus ou les vices. Son caractére est fleuri et naturel. On fait le portrait en vers, ou en prose; ou bien en vers et en prose tout ensemble. Les choses s'y tournent d' une maniere à inspirer de l'estime, de l' amour, ou de la haine: et l 'on travaille à y marquer naturellement l' air. le visage, l es mœurs et les inclinations des gens. L' une de ses plus sensibles beautez consiste en cela. Il ne faut pourtant pas peindre si fort d'aprés-nature, qu'on n'aille un peu au delà; mais sans choquer la vrai-semblance. Les grands peintres le pratiquent de la sorte; et on doit les i miter ». 4 1 Nous pensons, entre autres, aux portraits écrits par Mademoisell e de Scudéry dans le Grand Cvrus. par Bussy Rabutin dans l' Histoire amoureuse des Gaules. par le cardinal
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