La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Corre.1po11tlu1l<'e d "A. Buill.1' - / 673- /676 de l ' esprit précieux42. Le portrait littéraire devient alors un genre mondain en vogue au sein de la haute société parisienne41. Mgr Bail ly, homme aux mille ressources, est un portraiti ste à part entière car il manie aussi bien la pl ume que le crayon à dessin. Il est l ' auteur de deux portraits au crayon de ses souverains et d'un médail lon reproduisant la nouvelle ville de Turin que Charles-Emmanuel Il était en train de faire construire (cf. portraits 686, 689). Le portrait de la duchesse, en sanguine, dessiné sur un feui l let de papier fi ligrané, du même type et des mêmes dimensions (45 ,5 cm. de longueur x 33,2 cm de largeur) de ceux que d' habitude Bai l l y utilisait, pliés en deux, pour écrire ses lettres, mesure 1 6 cm. de long et 1 5 cm. de l arge. Selon le goût du temps la duchesse est représentée sous l' apparence de Pallas, la déesse grecque de l a sagesse, protectrice des arts et de la culture mais également divinité guerrière qui défend l ' É tat contre les ennemis en lui conférant force et prospérité et qui a sous sa tutelle l ' ordre, l ' adminis­ tration de la j ustice et l autorité sur les lois44. de Retz ou le duc de Saint-S imon dans leurs Mé111oires mais également. dans un contexte proche de celui où opéra Bail ly, à ceux que les ambassadeurs de la républ ique de Ven ise traçaient des personnages les plus i mportants de la cour auprès de laquelle i l s étaient ac­ crédités (cf. Le rela::.ioni degli a111hasciatori 1'e11eti al Senmo, raccolte. annotate ed edite da E. ALBERI, Firenze, Societü editrice tiorentina, 8 vols. ). 42 À partir des années 1 660- 1 670 le portrait se rapprochera de plus en p l us de la disserta­ tion morale, évoluant ainsi vers le genre du caractère. dans lequel s ' est i l lustré notamment Jean de La Bruyère. 41 Sur ce mode d'écriture cf. Le portrait littéraire, sous la direction de K. Kur 1 sz. G.-A. PÉROUSE. J.-Y. OF.BREUILLE. Lyon. Presses Universitaires de Lyon. 1 988; G . R. KCJHLER. Das /i r e ra r i s c he Portriit. Eine Unrer.rnclwng s11r gesch/ossenen Personen darsrel/ung in der j iw1::.üsichen Er:.iihl/iterar11r \'0/11 M i r te la lt er hi.1· ::.11111 Ell(/e des 18 Jahrhwulerf.1. Bonn, Romanistichen Verlag. 1 99 1 ; J. PLANTIÉ, Lamode du portrait littémire en France ( 164 1 - 1681 ) . Paris. Champion. 1 994 ; J .-Ph. Mt R A U X , Le portrait littéraire. Paris, Hachette, 2003. -1-1 Dans l 'iconographie des ducs de Savoie c·était l a première Madame Royale. M arie­ Christine, qui était représentée traditionnel lement sous l ' aspect de Pallas (ou Minerve ) car elle avait été définie par l ' historiographe Valeriano Castiglione « Pal l ade alpina » (Le pompe r o rin e s i ne/ ritomo del 'A/re::.::.a Reale di Carlo E111a1111e/e li duca di Sm·oil1. Tori no. Giacomo Rustis, 1 645, p. 5 ) . Depuis la construction de la résidence de Venaria Reale, l ieu de plaisir entouré d ' un parc consacré au divertissement de la chasse, l ' i mage de Marie­ Jeanne- Baptiste. était plutôt associée à la déesse Diane. Le choix de Bailly de peindre la deuxième Madame Royale en Pall as trah i rait-il l' i ntime affection qui l ' avait l i é à Marie­ Christine ? De célèbres peintres français ( Philibert Torret, Laurent Dufour, Chrles Dauphin) tra­ vai l l aient à la cour de Turin à ! " époque de Bailly. car la régence de Christine de France y consolida l ' influence de la culture transalpine. Sur leur production artistique cf. le catalo-

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