La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

244 Corr!'.1po11dw1ce d 'A. Bai/Ir - 1 673- 1676 s ' agissoit on ne trouvoit point dans les regi stres qu'on eut donné des car­ reaux5 aux prelats qu' y avoient assisté et que, M .R. n' estant que regente et administratrice des estats de S .A.R. son fils, elle ne pouvoit pas aller contre une costume dont elle pourrait estre responsable à la majorité de son fils si elle en establissoit une contraire; mais que, pour ne point se prej udicier, ni aussi à nos dignités, elle nous proposoit ce temperament que nous pour­ rions protester par un acte / [f° 2r] public qu' assistant à la fonction sans carreaux nous ne pretendrions point nous prej udicier à l' advenir au peti­ toire6. Nous ne nous contentames point de cet expedient et cette princesse le sçachant nous envoia Monsieur le marquis de Saint-Thomas, premier secretaire d' estat, nous faire une autre proposition qui estoit que pour evi­ ter un scandale, qui arriverait infailliblement si nous manquions d' assi ster à cette action publique et lugubre dans l ' eglise metropolitaine où toute la cour, tous les ambassadeurs et tout le peuple nous attendoient, nous ne ferions que passer deux à deux à travers l ' eglise et devant le maistre autel où Monseigneur l ' Archevesque celebroit" la Sainte Messe sans nous y ar­ rester et qu' ainsi, n ' aiant pas occasion de nous agenouiller, nous n ' aurions pas aussi eu besoi n de carreaux et contenterions M.R. sans preiudice à nos dignités. L' affaire fut longtemps contestée et, comme nous crumes qu'il estoit de nostre devoir et de nostre prudence de ne rien resoudre sans l ' authorité du Saint Siege et n ' ai ant pas le temps d' envoier à Rome pour consulter l ' oracle de Saint Pierre, c ' est à dire le pere des peres et l' evesque universel, nous deputames deux evesques de corps à Monseigneur le nonce Alberini qui, estant la bouche de nostre Saint Pere le Pape7, pouvoit nous dire ses volontés, et nous prescrire ses ordres. Et i 1 fit sans hesiter, nous en­ voiant dire par nos deputés que le parti que M. R . nous avoit proposé estoit si juste que nous le devions absolument accepter et que Rome authoriseroit nostre soumission. Sur cela et in verbis illius laxavimus retex. Ainsi donc, n' aiant point prejudicié à nos droits et nous estant rei glés par le conseil de Monseigneur le Nonce, nous croions n ' avoir rien fait, ce me semble, contre ' Carreau : « grand oreiller ou coussin quarré de velours que les Dames et les Evêques se font porter à l ' Eg lise pour se mettre à genoux plus commodément. ce qui est aussi une marque de qualité » A. FURETIÈRE, Of!. cit., s.v . . " Petitoire : « s. m. Terme d e pratique. Demande faite en justice pour l a proprieté cl"un heritage ou autre chose ». Dic1io1111aire de / 'Acadé111ie, cit. , s.v.. Furetière (op. cil . . s.v. ) précise : « Le petitoire des benetices appartient aux J uges d e l ' Egl ise. les secul iers n ·en j ugent que la complainte possessoire dans les causes de spol iation ». 7 Emilio Altieri. pape sous le nom de Clément X. cf. lettre 724. note 4). x Luc. 5,5 : « [n verbo autem tuo laxabo rete».

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