La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

258 Correspondance d 'A. Bai/Ir - 1 6 73-1676 Ioit pas que le roy sçeut, qui devaient estre effacées. Tant y a que l a mort de feu Madame de Nemours mon adorable maitresse (qui" avait pour moi une bonté infi nie) me dispensa du voyage. Je vous envoie la copie de ce premier portrait9. I l n ' y a pas tout mais Madame Royale l ' a entier. E t ce fut en suite / [f' 3r] de cet abregé de ses perfections que je fis l ' autre en grand qui a fait tant de bruit et que j ' envoiei à la cour selon ma promesse il y a bien des années, pour confondre les amours du prince pour des laiderons 10 qu' i l preferoit à l a plus acomplie persane du monde. Madame l e vit et m' en tesmoigna alors beaucoup de reconoissance. Ainsi ce que l a charité me fit faire a esté atribué à ma vanité par des petites mouches de cour qui n ' oseraient bourdoner en ma presence car, en verité, je suis speci fique et presqu' originalb dans l ' art de dober sur ceux qui ont la demangeson de critiquer mes ouvrages . Le M [arquis] de Casel le s ' en souviendra toute sa vie. Vous aves veu ma reponce à sa grotesque harangue 1 1 • Je vous prie, Monsieur, de faire revoir à M. R . son portrait et c ' est assurement pour me le paier qu ' elle me promet une croix bien riche comme elle a paié le second d' une precieuse / [f0 3v] boete de portraits dont je parlei si joliment dans mon sermon à Saint Jean, quoiqu ' en aient pu murmurer si i njustement ces faux sçavants et vrais envieux. Vous prendrez, s ' il vous plaist, la peine, Monsieur, de l u i dire le suj et que j ' eus d' effacer la moitié et plus de la premiere" page de la lettre de S .A.R. . Mais ne veut-elle pas tenir parolle ? Ce n ' est pas de largeur dont je l ' ai fait resouvenir mais de l ' engagement qu' elle prit avec moi à mon depart. Le voici. « Monseigneur d ' Aoste », me dit elle, « ecrivez moi souventd et je vous promets de mettre aprés mon seing quelques signes de ma main ». << Je n ' en crois rien », l u i repondis-je, « si V.A.R. ne me touche l a main à la bone vald' aostaine ». Elle le fit sans hesiter et je baisei sa mai n . Aprés cela voici, / [f° 4r] Monsieur, si elle peut manquer à sa parolle. Pour moi j ' en ai une peur effroiable car que diroit­ on ? Cette princesse qui est en reputation de l a derniere fermeté à observer ses promesses et à propos, i l m ' en souvient, vous me le jurez par votre lettre, elle mesme me l ' assure dans la siene. Tant y a qu' aprés ces j urons12 reiterez, s ' il arrivait qu' elle se dedit, cela obscurcirait toute la gloire de ses 9 Nous l ' avons reproduit dans notre Introduction. Cf. aussi lettres 729 et 764. 10 Laideron : « s. f. On appelle ainsi par i njure une jeune til l e ou une jeune femme qui est laide » Dictionnaire de l 'Académie, cit., s.v.. 1 1 Cf. lettre 728. 1 1 Au XVII" siècle Je j uron était u n e « Certaine façon affectée d e j urer ». Dictionnaire de l 'Académie, cit., s.v..

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