La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello
J.,ettre 770 267 souvenir / [f0 4r] de vos promesses des croix promises et qu' en un mot je vo us debite mes petites saillies, j e vous jure, Madame, que ce n ' est que l a passi on que j ' ai de vous faire rire un moment qui fai t tomber ces pensées au bout de ma plume et nullement l ' interest et ceux qui me conoissent s çavent bien 1' usage que je fai s des biens du monde, c ' est dire que je les done à mesure que je les reçois. Feu Madame votre mere me dit un jour, après quatre heures / l f0 3vjl d' entretien, que tout ce temps là ne lui avoir pas duré un moment. C ' est Madame, que je ne lui pariois que de choses agreables. Feu M.R. m ' a dit la mesme chose cent fois et Monsieur Sansoz s çait bien qu' elle me tenait souvent demi-l' après disnée dans son cabinet, les portes fermées pour ne pas estre interrompus, et, en verité, Madame, nous ne disions bien des foi s que des choses fort indifferentes. V.A.R. mes me m' a fait l ' honeur de me dire quelque chose d' aprochant à tout cela et, qu'estant nai pour entretenir les princes, j ' avois eu tort de quiter le monde, si pourtant j ' etois trop l ibre je me corrigerai. / [f0 4v] Je dis la mesme chose un jour à feu Monsieur le chancelier Segu ier9, ce grand home qui me donoit de grandes pensions. I l me repon- f dit : « Vous etes fai t pour la belle conversation, c ' est votre caractere de plaire aux grands par vos manieres enjouées et delicates. Tenez-vous y et si vous changiez de nature vous ne seriés plus agreable. Tout ce que vous diriez serait forcé et contre nature ». Je me fais, Madame, de tant d' autori tés et d' exemples u ne espece de justification auprés de ceux qui pourraient trover à dire à mes airs et à mes l ibertés. J' atans vos ordres. Ils me seront plus sacrez que tout cet amas de raisons, si vous me defendez de m' en ser vir. J' obeirei aveuglement parce que je vous suis soumis en tout. •c'y dans le ms. hmot surligné dans le ms. 'le f' 1 v a été écrit dans le sens de la longueur de la page. dla phrase qui suit est écrite dans la marge supérieure du f0 2v, dans le sens contraire à celui de la lettre. 'estaient sur estoit 1le f0 3v a été écrit dans le sens de la lon gueur de la page. 9 Pierre Séguier ( 1588- 1 672). Conseiller au Parlement, maître des requêtes, intendant de justice en Guyenne, président au Parlement de France, garde des sceaux en 1 633, chan celier de France en 1 635. Cf. R. KERVILER, Le chancelier Pierre Séguier, Paris, Didier, 1 874 ; D. RrcHET, Carrière et fortune du chancelier Séguier, dans De la Réforme à la Révolution : études sur la France moderne, Paris, Aubier. 1 99 1 , pp. 307-3 1 6.
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