La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

27 1 Lettre 773 A.S .T. , Corte, Lettere Vescovi, m. 2 1 , fasc. 1 , lett. 50 Destinataire: Lieu et date d 'envoi: Support: Autres m entions: D' Aoste ce 22 < ? > Monsieur, Comte de Butillière Aoste, 22 juillet 1 676 1 bifeuillet (f0 2v blanc) fO 2v, autre mai n : ce 22 ju i l let. M .r l' evesque d' Aoste. Que vous etes fasché ! Sans doubte la croix promise ne se fait pas as­ sés vite ou peut etre encore on ne se hate pas de la comander et, comme vous sçavez fort bien que promissio viri boni est obligatio 1 , vous creigniez que je ne vous fasse un proces et ne vous oblige à paier pour M.R .. Non, Monsieur, defaites-vous de cette pensée, je ne vous tirerei p<oint> en ins­ tance pour des croix et j ' en ai dont je me dechargerois fort volontiers sur tous les orfevres de Thurin, loin de les presser de m' accabler des Jeurs2. Je vous supplie seulement de dire à M.R. qu' elle n ' est plus à Gisors. Que veux-je dire le voici. / [f0 2r] Gisors est en Normandie, les Normands ne sont obligez de garder leurs promesses qu ' ils ne les aient jurées trois foisJ. M.R. est dame de Gisors et par ce tiltre elle est normande. Ne lui en de- 1 Célèbre sentence latine: tout homme de probité est obligé de remplir u ne promesse. 2 Bailly attendait de la duchesse une croix (cf. lettre 764) , mais i l ne la reçut jamais (cf. lettre suivante). 3 Bailly construit toute cette lettre sur une arrière-pensèe proverbiale. Furetière (s.v. Normand) nous explique en effet que « ce mot est en usage dans la l angue en ces phrases proverbiales : un normand a son dit et son dedit parce que dans l ' ancienne Coûrwne de Normandie les contracts n ' estoient vall ables qu' aprés les 24 heures de leur passation, pen· dant lesquelles les parties s'en pouvoient desdire. On appelle un homme normand quand il ne veut pas tenir un marché qu'il a fait. On dit aussi qu'un homme respond en normand lorsqu ' il ne dit ni ouy ni non, qu'il a crainte d'estre surpris, de s'engager ». Comment ne pas se souvenir des célèbres vers de La Fontaine dans la fable La cour du lion flivre 7, 6): « Ne soyez à l a Cour, si vous voulez y p laire, / N i fade adulateur, ni parleur trop 1 $incère, / Et tâchez quelquefois de répondre en normand » ')

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