La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 781 285 aucune de V.A.R. . Il est vrai que je compte ce siecle comme les Egiptiens comptaient les leurs, c ' est à dire en abregé, mais tousjours le temps qu' a duré vostre silence, Madame, a esté u n siecle pour moi . Sur l e merite de l ' affaire qu 'elle daigne me commettre, / [f0 2r] l ' obligation que j ' ai à Monsieur le comte Rose pour m' avoir attiré l ' obligeante lettre dont V.A.R. a daigné m' honorer, me sera un nouveau tiltre poura l u i rendre mes services etje le ferai avec tant de soin et de fidelité qu' il aura sujet de se louer de ma j ustice. Il a bien besoin de secours, Madame, dans le deplorable estat où il est et ceux qui travaillent avec tant d' opiniatreté à sa derniere perte sont certai nement barbares puisqu' il est desj a, pour le dire ainsi, assés perdu sans qu'on doive essaier de le perdre encore inutilement. Helas, i l ne v it presque plus. Certes, Madame, c ' est une chose bien funeste d' estre dans un precipice mais d ' avoir encore contre soi quand on en veut sortir, toute la cruauté d'un ennemi pui ssant et i nflexible pour l ' empescher et rien de son costé que des souspirs inutiles h ' a, c ' est de quoi faire trembler les plus hardis et donner de la pieté à tout le monde. C ' est là, Madame, la misera­ ble condition de Monsieur le comte Rosa [sic] . Il ne lui reste plus aucune puissance à laquelle il puisse recourir hors des estats de V.A.R. puisque sa patrie et tous les pais qui l ' environnent demandent sa ruine et que rnesme tout cet amas d ' ennemis tentent la constance et la bonté de V.A.R. et font des efforts pour l ' en priver et la seule crainte qu' il en a est capable de le desesperer. J ' imite donc avec le respect que je dois vos propres bontés, Madame. / [F 1 v ]b V.A.R. me recommande Monsieur le comte Rosa et je prens la liberté de la supplier tres humblement de lui faire la grace de lui continuer sa roiale protection. Elle ne sçauroit l' accorder à personne du monde qui en ait p lus besoin et surtout qui la merite plus que lui pour sa vertu et pour la passion qu'il a de reconoitre ses bienfaits par l ' effusion de tout son sang. Je prendrai mesme beaucoup de part à cette faveur et je prie­ rai Dieu qu ' en revanche il vous repande un comble de graces aussi plein qu' est profonde l a veneration avec laquelle j e suis tres respectueusement et avec mon ancien et inviolable zele, Madame, 1 11 de V.A.R. tres humble, tres obeissant et tres obligé sujet et serviteur, ;i D. Albert, E. d' Aoste 'pour sur lui. hie f0 1 v a été écrit dans le sens de la longueur de la page.

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