La correspondance d'Albert Bailly Volume IX Années 1673-1676 publiée sous la direction de Gianni Mombello

322 Corre.1pondo11ce d 'A. Bailly - 1 6 73- 1676 de trente cinq mille livres de revenu, estimé au denier quarante à quatorze cents mille livres, le duché de Nemours qui vaut dix mille livres de revenu sur le pied de la finance, à quatre cent mille livres en cas que le roy le retira, et / [f0 I r] deux cents mille livres d' argent que ma maison me donoit franc et quitte de debte. Tout cela du bien de France sans parler des autres preten­ tions. Cela avoit eté d' autant plus eclairci qu'on avoit envoyé sur les lieux et vu les baux à ferme3 et que Monsieur le duc de Lorraine4 ne voulait que reculer et eviter ledit mariage parce qu' il reconoistroit par là son neveu, qu' il n ' aimait guere, pour son seul et unique heritier et successeur de tous les estats à l ' exclusion de ses enfans qu ' il eut quand i l se maria. Cela fit que Monsieur le Chancelier de France' eut ordre du roy d' arrester lesdits articles et voir si le dot y estait juste, ce qui fut trouvé juste et avoué par Monsieur de Lorraine par la signature dudit article en une autre rencontre de pareille nature. Depuis peu il s' est proposé d' autres articles pour ma fil le aisnée mai s pour autre parti de teste couronnée souverain on devoit prendre le comté de Gisors, qui a quatre villes plus belle [sic] qu ' Anissi, et des vassaux qui en dependent de qualité et riche de trente et quarante mille livres de revenu. C'est à dire ledict comté pour treize cents mi l le franc [sic] d' une part et deux cents mille livres d' argent comptant. L' on s ' en contentait mais cela ne s' est pu pour des considerations qui ne se peuvent dire6 et qui feraient bien voir que, Dieu merci, je n ' ai dans la vie autre ambition que de faire mon salut et de ne rien faire qui puisse jamais y contrevenir. Vous etes d' une profession qui vous fera ne me pas blamer et avés une vertu propre à me faire des leçons là dessus si j ' y manquois . C' est pourquoi je n ' en dis pas davantage. Je n ' en aurois pas même tant dit [f0 2r] si je m' estois tue et si je n' avois voulu vous satisfaire, estant persuadée que cela est inutile. Dieu me fasse la grace de suivre vos bons conseils et coetera ·1 Le bail à ferme est un contrat rural celui dans lequel la chose l ouée est une exploitation rurale et où le loyer consiste en une somme préfixée à payer. 4 Charles I V, duc de Lorraine, 1 604- 1 675, oncle de Cha.ries-Léopold-Nicolas-Sixte de Lorraine posa des conditions au mariage de son neveu, son héritier présomptif. Il ne vou­ lait pas lui céder ses états. li s'opposa également au mariage de Charles-Léopold avec la Grande Mademoiselle. Cf. Corr. Vil, pp. 208-209; DBF, t. VIH, 1 959, col. 559-560. 5 Pierre Séguier lettre 770, note 8. 6 L'allusion est avec toute probabilité à la duchesse de Savoie Marie-Christine, qui fut contraire à une liasion entre son fil s et Mademoiselle de Nemours en craignant l ' influence que la mère de celle-ci, É l isabeth de Vendôme, aurait pu exercer sur le gouvernement de la Savoie.

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