La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 04 Correspondance d 'A. Bailly - 1654-1655 et pour luy faire éclairer, et apercevoir dans la candeur de mon naturel, des franchises, et une modestie que peut estre il n' avoit pas encore suffisamment reconnues. Je crois que V.A. R . qu i voit d' abord tout ce que d ' autres ne connoissent que / (f0 l v) successivement, m'entend bien. Tant y a, Madame, que je luy en dis assés, en fort peu de mots, pour le detromper, s ' il avoit conceu quelque sinistre opin ion de ma petite conduite, et je le laissei s i persuadé, qu ' il me jura une amitié inviolable, e t pour me temoigner qu ' i l vouloit b i en croire que j ' usois avec moderation du comerce que V.A.R. , Madame, a b i en eu la bonté d ' établi r entre nous , i l me conjura de vous escrire souvent, et m' asseura que mes lettres vous estoient autant agreables, qu' aucunes que vous receussiés d' ici. M. l 'Ambassadeur4 arriva sur ces discours, et r' encherissant sur le recit que cet Abbéa venoit de me faire des bontés que V.A.R. daigne avoir pour moy, il me dit que Monsieur le comte Phi l ippe son frere5 luy avoit escrit, que vous luy aviés montré quelques articles de mes lettres, où j ' avois essaié de faire quelques eloges à sa capacité, et à sa fidelité i nviolable6 et m' en remerci a avec des tendresses tres touchantes. / (f02v) Madame, V.A.R. montre bien qu' elle est effectivement Chrestienne, prenant si à propos toutes les occasions qui se presentent, pour faire vivre vos serviteurs en bonne intelligence, et en charité. Je la conjure de me conserver cette bonne volonté pendant que je travailleray par toutes sortes de moiens à ne m'en pas rendre tout à fait indigne. Ouy, Madame, j ' aimerois mieux perdre mille fois la vie, que de manquer à ce que je vous dois pour tant de bontés, les chaisnes par lesquelles je me trouve attaché à vous rendre toutes sortes de services sont des chaisnes eternelles, et la mort seule les peut rompre. / (f03r) Monsieur de Nemours a fait ses exercices spirituels chez les Peres Jesuites7 quinze jours durant, et il en est sorti si rempl i des choses du ciel, " L'Ambassadeur de Savoie en France, Jean-François San Martino d' Aglié. ' Philippe San Martino, comte d'Aglié, cf. gaz. 339, n. 1 8. " Pour les témoignages d' estime de B ai l ly envers l ' abbé Amoretti, cf. par exemple les dossiers 228 et 229 (Con: III, pp. 178 et 1 80). ' À l'époque où Bailly écrivit sa lettre, le couvent des Jésuites était situé rue Saint-Antoine. Les Jésuites avaient d'abord acheté l'hôtel d'Anville, ou de Rochepot; puis, une fois revenus en France en 1606, i l s agrandirent leur monastère par l ' achat de temüns voisins: un premier achat de trois maisons date de 1 6 1 8, puis en 1 6 1 9 le roi leur octroya les murs et fossés de la ville. En 1 625, i l s déci dèrent de faire construire une grande égl ise, dont les travaux

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