La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 1 0 Correspondance d 'A . Bailly - 1654-1655 quatre heures, et on dit qu'on offre à ce General tout ce qu' il demande pour soy, et pour son maistre le Pont à Mousson, et une autre place9• Ce qui apuie cette opinion, est le peu de diligence qu ' on fait ici de lever des trouppes, pour les opposer à cette formidable armée que M. le Prince assemble10, et qu'il compose de celle des Estats licentiée depuis la paix qu' ils ont signée avec l ' Angleterre 1 1 • On pense que M. l e Cardinal tient pour certain d ' avoir les trouppes de Ligne-Ville, et d ' en grossir suffi samment l ' armée du Roy, et à bon marché. Le comte de Marcheville12 que M. le duc d'Orléans avoit envoié à B ruxelles " En réalité, le duc François resta avec les Espagnols; Montglat (op. cit. , p. 299) affirme qu"'il étoit mal avec le duc de Lorraine son frère, tellement qu'il ne fut pas fâché de son malheur; et après son aITivée il empêcha les Lorrains de faire rumeur, et les retint au service du roi d'Espagne". 1" Condé était en train de rassembler des troupes en Flandre et au Luxembourg, dans le but de préparer l ' attaque contre la ville d'Arras, qui eut lieu le 3 juillet 1 654 et qui constitue l 'événement mi litaire le plus important de l 'année. En effet, d'un point de vue politique, une victoire éventuelle de Condé aurait fourni le prétexte à Cromwell de rompre avec l a France, tandis q u ' à Paris, les ennemis du Cardinal auraient p u préparer un renouveau de la Fronde. 1 1 Lorsque Cromwell devint Lord Protector, il travailla assidûment à la conclusion de la paix avec les Provinces-Unies, en dépit des sentiments de haine que la gueJTe avec la Holl ande avait suscités dans le parti révolutionnaire et dans le mi lieu m ilitaire. Le traité fut signé le 5 avril 1 654 et il comportait une alliance militaire et économique étroite entre les deux Pays. Un article secret établissait en outre l 'exclusion à jamais de tous les princes issus de la maison Stuart du gouvernement des Provinces-Unies. Toutefois, cet article ne fut ratifié par les É tats de Hollande que deux mois après: en effet, le traité devint définitif seulement le 5 juin 1 654. Le roi de Danemark, l es Cantons Suisses protestants, les villes hanséatiques et plusieurs petits princes protestants de l'Al lemagne étaient compris dans ce traité (F. GUIZOT, op. cit., pp. 67-69). " Henri de Gournay, comte de Marcheville (mort en 1 663), lieutenant général des armées du roi. La famille Gournay était en effet parmi les plus nobles et anciennes de Metz (cf. DBF, t. XVI, col. 8 1 3). Henri de Gournay traita avec le duc de Lorraine pour le compte de Mazarin, (cf. Lettres du cardinal Mazarin (. . . ), cit. , t. VI, p. 93, lett. LXVI, du 26 novembre 1 653), tandis que le ms. f.fr . 5844, au f0 248v, à propos de la mission dont i l fut chargé par le duc d'Orléans affirme ce qui suit: "La duchesse d'Orleans ayant obtenu passeport du roy pour envoyer un gentilhome à Bruxelles, y a despesché le comte de Marcheville affin de visiter ( . . .) le duc de Lorraine et le consoler de la part de ladite duchesse." Le ms. f.fr . 15.6 1 3 ajoute, à l a date d u 1 6 mai 1 654, que "le comte de Marchevi l l e envoyé par Madame la duchesse d'Orleans au sujet de la detention dudict duc de LoITayne est de retour depuis trois jours de Bruxelles et a raporté qu'aprés l 'audience qu' i l eut de l 'Archiduc, Son Al. Serenissime l uy donna deux adjudans pour l'observer qui ne l' abandonnerent point pendant

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=