La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Gaz.elfe 346 1 1 3 On dit aussi que M. le Prince est en Holande, les uns croient pour ramasser les trouppes que cette Republique a licentiées, les autres pour d'autres fins plus politiques. On m ' a voulu asseurer, qu ' il traitait avec la Cour, et qu'on luy promettait de l uy donner la Lorreine en souveraineté, à condition qu'il la prendrait. Cela n'a pas grand fondement. Le tiltre qu ' a pris Cromuel pour la ratification de la paix entre les deux Republiques est "Son Altesse Olivier Cromuel Protecteur des tro i s Royaumes d' Angleterre, Escosse, et H i rl ande et Empereur de la mer de l ' advis de Son Conseil" a ratiffié e t coetera". / " les deux mots sont surlignés dans le ms. côté, le comte d' Harcourt essayait d'obtenir la protection de l ' Espagne et surtout du duc de L01nine, mais le Cardinal traitait lui aussi avec le duc, afin d'empêcher qu'il s'allie avec Harcourt. Finalement, Harcourt sortit de Brisach pendant l'été 1 654 (cf. A. CHÉRUEL, op. cit . . t. II, p. 1 60). Voilà ce qu'écrivit Montglat à propos de cette affaire: "Le comte d'Harcom1 étoit demeuré à Brisach depuis qu'il eut quitté l 'armée du Roi en Guyenne, où il croyoit bien faire ses affaires. D' abord, il protesta qu ' i l vouloit être serviteur de Sa Magesté, et qu'il garderoit cette place pour son service; mais comme il s'y étoit établi malgré la cour, aussi n ' en reçut-il point d'assistance: tellement que, faute d'argent, sa garnison ne fut plus payée, et lui-même eut grande peine à subsister, tous ses biens étant saisis en France. Il avoit fait son compte que dès qu'il seroit dans Brisach, i l auroit de l a cour tout ce qu'il voudroit; mais ses demandes furent si grandes, qu'elles lui furent absolument refusées. Il envoya le baron de Mélay à Paris pour ses affaires. lequel les avança fort peu. Si bien que ce comte, réduit au désespoir, se résolut à traiter avec ! ' Empereur, en lui livrant Brisach et Philisbourg; et quittant absolument la France. fit faire son pai1i si avantageux en Allemagne, qu' i l se trouva recompensé des pertes qu'il feroit en France. On fut averti à Paris de cette négociation, et même que ce traité était prêt à signer. Cet avis donna de grands chagrins au Cardinal, lequel donna ordre à un commissaire des guen-es, qui étoit en Alsace, de tâcher à entrer dans Phi lisbourg, et voir s'il ne trouveroit point d'occasion de rendre service au Roi. 11 prit son temps que le l ieutenant colonel du régiment d'Harcourt étoit sorti; et ayant parlé à quelques officiers, il leur fit connoître qu'ils alloient être livrés à ! ' Empereur. ( . . .) Cette négociation fut si bien conduite, que tout d ' un coup tout le monde se mit à crier Vive le Roi! et on s'assura des portes de la ville. ( . . . ) Cette révolution apporta grand changement au traité que [Harcourt] alloit faire avec !' Empereur; car de deux places qu' il lui promettoit, il ne lui en pouvoit plus donner qu' une. Dans cette conjoncture, le Cardinal le voulut étourdir en le serrant de près; et pour cet effet il fit avancer le maréchal de La Ferté devers l'Alsace ( . . . ). Avec beaucoup d'allées et de venues. enfin le traité fut concl u et signé. par lequel Brisach fut remis au pouvoir du Roi le premierjour de juin." Harcourt obtint qu'on lui rende le gouvernement d'Alsace, et eut également celui de Philisbourg.
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