La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
JO Correspondance d 'A. Bailly - 1 654- 1655 tous les premiers mois de son pontificat, tout d' abord en repoussant toujours la nomination des commissaires qui auraient dû examiner les griefs présentés par l a cour de France12 contre ce cardinal, et ensuite en l u i remettant le Pallium (2 j uin 1 65 5 ) , ce qu i équivalait à reconnaître son autorité en tant qu' archevêque de Paris. Ce ne fut qu' en l ' automne 1 655 que le Pape changea son atti tude et consentit à la demande française d' obliger Retz à nommer un vicaire parmi un éventail de candidats choisis par la cour de France11• Entre temps, à Paris, la résistance des curés nommés vicaires par Retz avait entraîné Mazarin à utiliser l ' arme du Jansénisme contre ce dernier. Par ailleurs, on sait que la question du Jansénisme était une autre source de troubles intérieurs pour le royaume de France à l' époque qui nous concerne. La bulle Cum Occasione (3 1 mai 1 65 3 ) , avait condamné les c i nq propositions de Jansénius présentées en 1 649 à la Sorbonne. Le clergé de France l ' avait soumise à l ' autorité du Pape, car le document pontifical, qui consistait e n une Constitution en forme de bulle, dénonçait comme hérétiques les cinq propositions, mais il ne prenait pas une position explicite sur le sens j ansénien de celles-ci, pour faire en sorte que la soumission du c lergé j anséniste puisse se faire sans problèmes. En effet, la querelle religieuse avait pris de plus en plus une coloration politique: pour Mazarin, la question de l ' antij ansénisme était, déj à à cette époque, un moyen pour déstabiliser le cardinal de Retz qui, pour obtenir le chapeau en 1 652, avait dû se justifier des accusations de j ansénisme; en même temps, pour le Pape, le fait d ' avoir été sollicité sur des questions doctrinales impliquait une plus grande autorité sur l ' épiscopat français, ce qui aurait pu signifier la fin non seulement du j ansénisme, mais aussi du gallicanisme. Pour cette raison, une alliance avec Mazarin présentait pour le clergé des avantages importants. La réception officielle de la bulle avait donc eu lieu au cours de l ' été 1 653 par une assemblée d' évêques présents à Paris et présidée par Mazarin . À cette occasion, l ' archevêque de Toulouse, Pierre de Marca, avait été chargé de rédiger une lettre de remerci ements adressée au Pape pour son intervention. Toutefois, cette lettre contenait une précision importante, car les cinq propositions y étaien t défi n ies comme extraites du l ivre de Jansénius, alors que le document papal ne nommait j amais explicitement l ' évêque de Ypres. Cela équivalait à relancer la controverse, que Rome avait " Le diplomate chargé de traiter l 'affaire du cardinal de Retz à Rome fut Hugues de Lionne. 11 Retz finit par accepter cette solution et nomma M. de Saussay.
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