La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 22 Correspondance d 'A. Baillv - 1654-1655 mandés pointe si l ' on a trouvé bon la passion que j ' ay d ' aller rendre mes tres humbles respects à vostre Princesse). Elle est miene d' inclination, aussi bien qu ' à vous. "N'en soiés point j aloux". Je n ' ay garde, Madame, de me defendre de ce pretieux defaut aprés cette double condannation, quoiqu ' à parler franchement, l ' amitié que V.A.R. peut avoir pour cette Pri ncesse, m' est bien plus aisé à supporter, que celle dont vous honorés mon i l l ustre rival4, et mes livres ne m ' on t point encor apris que lestl amitiés que les femmes ont pour les femmes,< affligent, et1 tourmentent \les hommes à/ l ' égâl de celles qu' elles ont pour ceux de leur sexe. Mais Madame, comme je suis ami de J' ordre, et de la raison, je consens de tres bon coeur, que vous aimiés cel uy qui me rend innocemment j aloux, plus que moi, car en verité, il Je merite tout à fait, / (F2r) et par les advantages infinis qu ' i l a sur moi, et par la grandeur des services efficaces qu' i l rend ici à V.A.R., et dont toute la Cour demeure d ' accord. Pour moi, Madame, je ne me considere que comme un petit atome, que la chaleur de vostre bonté toute royale a elevé et fait subsister, et je regarde l ' autre, comme un colosse que vous avés pri s plaisir d'eriger, et d'en faire une pompeuse marque de vostre justice. Mais, Madame, si V.A.R. qui est une parfaite image de Dieu, imitait en ma faveur ses divines maximes, on verrait bientost changer cet ordre, et elever celuy qui s ' abai sse. Et en cela, je me trompe derechef, et j' ay beau essaier de chercher des remedes à ma peine, plus j e travaille à me guerir, p l u s j e deviens malade. C ' est que ce grand homme est plus humble que moy, i l s ' aneantit plus parfaitement que je ne fais devant cette supreme Maitresse, qui / (f02v) nous a tirés tous les deux du neant, et ! ' emportant ainsi sur moi en toutes manieres, et par l ' excés de vos bontés qu ' il a comme moi, et par les trai ts de vostre j ustice que vous devés à ses services importants, privativement à moi, je dois tousjours prendre la derniere place dans vostre coeur, et travailler à rendre ma j alousie tranquille par ces reflexions, plustost qu' à l ' aigrir, taschant de me persuader que V.A.R. est obligée d'egaler ses bontés à l' extremité de mon zele, et d ' y mettre une j uste proportion. Mais où vont mes emportements? Je ne prens pas garde, Madame, que je ne vous parle que de moi, et Y.A. R.g attend que je luy parle des autres. li faut s ' il duchesse pour lui annoncer qu'elle avait écrit au duc de Nemours à propos de la question des intérêts des petites princesses de Nemours. Ce fut d'ai lleurs à cette époque que le beau­ frère de la duchesse de Nemours reçut du duc de Savoie l ' apanage de Genevois. 1 C'est-à-dire la duchesse de Nemours. ' Bailly fait allusion ici à l' abbé Amoretti .

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