La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Gazette 349 1 23 vous plaist excuser mon zele, le zele a deux raports, l ' un à celuy qui en est all umé, ! ' autre à l a persone pour laquelle on l ' a. I l a j usques à present refleschi sur moi, et il va, Madame, vous rendre ce qu'il vous doit. / (f0 3r) J ' ay eu mi ssion secrete d' aller en Champagne pour essaier de ramener ici Madame Boutilier', qu'on croit avoir quelque creance en moi, et que toute la Cour n ' a pu empescher d ' aller recevoir Mademoiselle6 dans sa belle maison de Pont7, d ' où cette Princesse a ordre de se retirer à B lois. La Reine en plein cercle en fit des reproches à Monsieur le mareschal de Clairambeau8, luy disant que c ' estoit une chose étrange que sa grand'mere9 n ' avoit pû s' empescher d' aller voir Mademoiselle qu' elle sçavoit bien estre fort mal à la Cour. Cela effraia toute la famille, et on me fit partir aussitost pour essaier de faire revenir ici cette trop charitable dame. J' ay fait tant de diligence, que mon voiage n ' a esté que de six jours, quoique j ' aie fait plus de cinquante l ieues. Je disposei heureusement cette persone au retour, mais comme il me fût impossible de la ramener à Paris avec moi, m' aiant dit ' Marie de Bragelone, dame de Bouthillier, cf. gaz. 334, n. 38. " Marguerite-Louise d'Orléans, dite la Grande Mademoiselle se rendit effectivement à Pont sur-Seine au cours du printemps 1 654, malgré l' ordre du duc d' Orléans d'aller le voir à Blois; voilà le passage correspondant des Mémoires de Mademoiselle: "Son Altesse Royale m'ordonnoit de l ' aller trouver. Je la suppliai tres-humblement de m'en dispenser, sur ce que je m' étois fait saigner et purger pour me baigner; et que je m'en allois à Pont pour cet effet, l'eau de la rivière de Seine étant meilleure qu'une autre. ( . . .) La Tour me rapporta que Son Altesse Royale ne jugeait point à propos que j ' allasse à Pont. parce que la cour étoit à Fontainebleau, et que c' étoit m'en approcher. Je renvoyai un valet de pied, par lequel j'écrivis les raisons pressantes de ma santé, et je ne laissai pas de partir. ( . . . ): j ' y fus près de six semaines sans me pouvoir baigner. Il fit des pluies si grandes que la 1ivière déborda. ( . . . ) Madame de Bouthillier maria une de ses filles [cf. n. 9 ci-dessous] ; elle me donna collation dans un bois, avec des lumières et des violons. Ce fut une jolie fête à voir, et encore plus à mander, pour montrer qu'on ne s'ennuyait point hors de Paris." (op. cil., pp. 1 75 - 1 76). 7 Depuis 1 632, le domaine de Pont-sur-Seine, ancienne châtellenie dans la commune de Saint-Hilaire (Aube) faisait partie des domaines de la famille Bouthillier, qui l'avait achetée des ducs de Guise et de Chevreuse, enfants de Marguerite de Lorraine, veuve du père de Jean-Armand de Bourbon, prince de Conti. Cet achat faisait partie d' une stratégie d'accroissement foncier poursuivie systématiquement par la famille Bouthillier dès 1 606. En effet, Claude Bouthillier, mari de Marie de Bragelonne, était né à Pont-sur-Seine. Cf. L. LE CLERT, op. cil., pp. 9- 1 0. 8 Philippe Clérambault, comte de Palluau, maréchal de France depuis 1 65 3 ; cf. gaz. 338, 11. 2 1 . ' Madame Bouthillier était devenue grand-mère de Clérambault en vertu du mariage de celui-ci avec Louise-Françoise Bouthillier, célébré le 26 avril 1 654.
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