La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Introduction 1 3 Croix: les troupes françaises essayèrent de se cantonner par la force près de San Sebasti ano da Po, un village situé quelques kilomètres à l ' est de l a capitale d u duché. Cet acte, qui avait toute l ' apparence d' un défi, eut comme conséquence, d ' un côté l ' expulsion de Charpy des territoires du duché, et de l ' autre la disgrâce de l ' ambassadeur Servient, qui craignit un moment d' être remplacé. La composition de cette véritable crise diplomatique fut confiée à l ' abbé Amoretti, grand aumônier de la duchesse, chapelain et conseiller du duc. Il partit donc de Turin le 2 1 j anvier et arriva à Paris à la fin du mois. Il eut une audience avec le Cardinal le 30 et la possibilité d ' un accord se profila à l ' horizon: les troupes françaises devaient toutes passer en territoire français, une partie en Provence, et le reste dans la Bresse. Mais la solution ne fut pas aussi simple, car par l ' une des ruses dans lesquelles Mazarin excellait, on réussit à discréditer l ' agent savoyard, pourtant adroi t e t rompu aux dangers de la diplomatie. Celui-ci réussit à éviter que le texte des accords soit apporté dans le Piémont après son retour, ce qui aurait comporté le ri sque de voir introduire des changements défavorables à l a Savoie; ma i s i l ne s u t empêcher d ' être accu sé de dupl i cité, car l ' ambassadeur Servient et le maréchal de Grancey, i nstruits par le Cardinal, prétendirent que l ' ordre reçu de France ne prévoyait pas le départ de toutes les troupes françaises, mais seulement d' une paitie. L' abbé Amoretti, rentré à Turin vers le 1 4 février, fut donc obli gé de repartir à la hâte pour aller se j ustifier auprès du Cardinal. Le voilà donc de nouveau à Paris16, dégoûté de cette négoci ation mai s prêt à assumer une partie des responsabili tés de l ' équivoque prétendue pour obtenir au moins un résul tat partiel dans la négociation; il fut donc convenu qu' une partie de ! ' armée française passerait dans le Dauphiné, et qu' une autre portion serait cantonnée dans les vallées vaudoises du Piémont: dangereux prélude à une autre affaire, tout intérieure cette foi s-ci, qui devait compromettre l ' i mage de la Savoie aux yeux de l ' Europe au cours de l ' année 1 655 . L' épisode, connu sous le nom de "Pâques Piémontaises", est lié au nom du marquis de Pianesse (Carlo Emanuele Fi liberto di S i miane, marquis de Pianezza, 1 608- 1 677 ) , qui inspira et commanda l ' expédition des troupes piémontaises contre les habitants des vallées vaudoises, en tant que président du conseil institué par le gouvernement savoisien pour veiller aux affaires vaudoises. Nous nous bornerons ici à rappeler les données essentielles de 1" Il devait rester en France jusqu' à l'été suivant. pour revenir l ' année successive. quand la fin du mandat de l ' abbé d' Aglié coïncida avec l'affaire des Vaudois.
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