La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazette 358 1 53 n' aurait pas compris son chiffre, ou bien qu ' elle n ' avoit pas l e loi sir de l 'examiner, qu ' au reste vous estiés si reconnaissante, et si bonne, que les services qu '• i l vousb rendrait ne seroient pas stériles, et sans gratitude. Il se separa de moi, et quelques jours aprés, i l m 'escrivit un grand billet avec un autre plus petit / (f02r) que V.A.R. prendra la peine de l ire, aussi bien que ma réponce, et sa réplique1• C ' est un étrange fanfaron. Il se veut faire de feste4, et il n ' a encore point veu Monsieur le Cardinal. Il me l ' a avoué luy mesme, et j e crois qu ' il cherche à s ' intriguer dans vos affaires pour avoir occasion d' aprocher Son Eminence. Je suis ravi d ' avoir arraché de sa propre bouche la confession qu' il fait de la consideration en laquelle V.A.R. est auprés de M. le Cardinal, et c ' est pour cela / (f02v) principalement que je vous envoie son billet, qui marque en confondant les rodomontades qu' il fait dans sa répl ique à ma réponce, son peu de pouvoir, et sa faiblesse. Je crois, Madame, que V. A.R. aprouvera bien ce que je luy avois repondu, quoiqu' il n ' en ait pas esté content. Une femme de nostre pais bruloit des cierges au diable, pour l ' empescher de luy faire du mal . Je n ' ai pas vou lu desesperer cet homme en luy disant en quel estat il est en Piemont, car on / (f03r) ne sçait ce qu ' i l peut devenir, et quel mal il peut faire. Je n ' ai pas aussi voulu exagerer la bonté chrestiene que V.A.R. et vos ministres ont pour l uy de creinte de mentir, et de le trop enfler. Si V.A.R. j uge à propos de me dire q u ' el le a veu son b i l let, et loué son zele, ( sans l uy donner neantmoins aucune esperance d' estre emploié à vostre service, car il gasteroit tout) je luy en montrerei l ' article, et le luy presenterei comme une chandele benite5• / (f'3v) J ' ay eu loisir de m ' informer amplement de la verité, ou de la fausseté du bruit qui court à Paris du mariage de Madame Marguerite avec le Roy <' . 3 Des trois billets. nous ne conservons que 'le plus petit', avec la réplique de Bailly (cf. A.M. N l ) et la réponse de Charpy (A.M. A/2). ' On disait que quelqu"un sefair defeste pour dire "qu' il se veut rendre necessaire ou se mesler d' une chose où il n ' est pas appellé"' (FURETIÈRE. op. cit. , t. l, p. 605 ). 5 Ê tre à sa chandelle bénite signifiait être à l' agonie ( ibid., p. 14 l ). On sait que Charpy n'obtint plus aucune réponse de la cour de Savoie, malgré ses nombreuses tentatives de renouer les rapports qu'il avait auparavant à Turin. 6 L'ambassadeur de Savoie, Aglié, fit la première mention explicite du mariage possible de Marguerite avec le roi dans sa lettre du 29 octobre (A.S.T., Lettere Ministri - Francia, m. 60, fasc. 2. lett. 1 1 2, f0 2v); à la même date, i l mentionnait également des pourparlers pour marier le jeune duc Charles-Emmanuel II avec l ' une des nièces de Mazarin et i l

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=