La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 4 Correspondance d'A. Bailly - 1 654- 1655 cet événement, qui constitue ! ' épisode le plus significatif des années qui nous occupent, en nous fondant sur l ' excellente étude d ' Enea Balmas 1 7 • Selon l ' accord de Cavour ( 1 56 1 ), l es Réformés du Piémont jouissaient de la l iberté de culte dans les vallées vaudoises, c ' est-à-dire celles qui sont traversées par les rivières Pellice, Angrogna et Luserna, au nord-ouest de Turin. Mais pour un ensemble de rai sons à la fois économiques, politiques et religieuses, le gouvernement savoisien ne voyait pas d ' un oeil favorable le développement de ces communautés. Déj à au cours de l ' hiver 1 654, l e choix de l a vallée de Luserne pour cantonner les troupes françaises n ' avait pas été anodin et dépendit d 'autres raisons que de la proximité avec la ville de Pignerol, occupée par les Français. Le 25 j anvier 1 655 l ' auditeur Andrea Gastaldo promulgua une ordonnance qui obligeait les familles vaudoises établies dans la plaine de se retirer dans les vallées. Le prétexte plus ou moins fondé était une série de parodies et railleries des rites catholiques mises en scène par les vaudois. Refusant d' abandonner leurs maisons et leurs biens, les 'religionnaires' constituèrent d' abord une délégation auprès du duc, mais n ' ayant obtenu aucun résultat, ils prirent une position ferme. À cela, il faut ajouter l ' assassinat du curé de Fenil, Bernardino Gasca, qui fut tué après avoir prononcé un sermon très hostile aux vaudois et les exhortant à vider les lieux. L' affaire des "Pâques Piémontaises" débuta véritablement le 17 avril 1 655 (car la date est donnée su ivant le calendrier j u l ien, conformément à l ' u sage des réformés qu i refusèrent la réforme grégorienne j usqu ' au XVIII" siècle; en effet, l a date de Pâques pour l ' année 1 65 5 est le 28 mars nouveau style) . Parti de Lombriasco avec cinq cents soldats et deux cents chevaux, le marquis de Pianesse attaqua la ville de Luserna San Giovann i et s ' en empara le j our même, mais par la suite, ayant l ' ordre de la duchesse de conclure rapidement sa campagne, i l demanda l ' aide des troupes françaises qui, à cette époque, revenaient en Italie après avoir passé l ' hiver dans le Dauphiné. Même si le rôle des troupes de Louis XIV fut minimisé à plusieurs reprises de part et d' autre pour des raisons diplomatiques, l ' intervention des soldats français fut déterminante et pendant toute la période de leur stationnement dans les "Lavera relazione di quanta è accaduto ne/le persecuzioni e i massacri del/'anno 1 655: le Pasque piemontesi del 1655 nelle testimonianze dei protagonisti. a cura di E. BALMAS e G. ZARDINI LANA, Torino, Claudiana, 1 987 (la reconstruction de G. CLARETIA, op. cit., t. I, pp. 75- 1 8 1 est beaucoup plus hostile à la cause vaudoise de ce que l 'ouvrage d'E. Balmas n'y est favorable).

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