La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 66 Correspondance d 'A . Bailly - 1 654- 1 655 luy dire sincerement et confidemment si le portrait repondoit à l ' original, et qu ' en su i tte i l le' questiona fort, sur son alleure, sur sa tail le, et principalement sur sa gorge, et que sans hesiter i l l uy avoir repondu, premierement que la beauté / (f04r) estait necessaire à une maistresse, et l ' esprit, l a douceur, et la vertu à une femme. Que la Princesse de Savoye n ' estoit pas ornée d' une beauté suprême, mais qu'elle en avoit \assés/ et tres capable de satisfaire Sa Magesté, et que pour le reste, il ne conoissoit point non pas de Princesse, car il en est peu, mais de fil le qui fut douée de plus de lumieres, de plus de bonté, de plus de vertu \qu ' e lle/ et que si Sa Magesté l uy demandait une femme, pour la rendre heureuseg, il l uy nommerait cette Princesse. Je l ' ay prié de me dire la reponce du Roy, i l m ' a dit qu' i l ne repliqua pas un mot, et qu ' i l est secret en un poinct11 qu ' excepté la Reyne, et Son Eminence auxquels il dit tout, il ne dit rien aux autres. J ' adjoutei, s ' il n ' avait pas au moins remarqué, à la contenance, et à l ' attention de Sa Magesté, si ces louanges luy plaisaient. I l me dit que l ' une, et l ' autre furent favorables. Et enfin il _ferma son discours par celuy des niepces. / (f04v) I l me dit donc de la Martinossi9 qu'elle visitait souvent la Mareschale de Guebriant10 sa tante et qu' aiant pris cette heureuse conjoncture pour la considerer, et examiner son esprit, et son humeur, il la trouvoit fort changée, que ses j oues qui avaient paru un peu panchantes, estait [sic] à present fort fermes, et sa tai lle si diminuée, qu ' elle pouvait se comparer aux mieux faites, et que pour son esprit, et son humeur, il ne conoissoit point de fil le à la Cour, qui eut plus de conduitte, plus de douceur, ni plus de bonté qu'elle. Il adjouta que M. le duc de Candale luy aiant rendu une visite lorsque cette demoiselle en faisoit une à sa tante, aprés l ' avoir long temps considerée, il luy dit tout bas à l ' orei l l e , qu ' il s ' estimeroit l e p l us heureux de tous les ' Laura Martinozzi était la soeur aînée d' Anne-Marie, qui avait épousé le prince de Conti. Laura, qui était arrivée en France en 1653 avec Maria et Ortensia Mancini, épousa le duc de Modène Alphonse IV le 30 mai 1 655 par procuration; une fois le mariage célébré, elle partit pour se rendre à Modène. '" Renée du Bec-Crespin, maréchale de Guébriant, ( 1 600- 1 659), femme de Jean-Baptiste Bades de Guébriant. Elle était donc la tante paternelle du marquis de Yardes.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=