La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 1 5 vallées vaudoises piémontaises (du 2 0 avril jusqu ' au 3 mai), ils s e l ivrèrent à des pillages, voire à de véritables massacres. Le 5 mai, Pianesse croyait avoir obtenu un succès définitif et le 15 il revint à Turin; mais i l avait sous­ estimé la force de la résistance vaudoise ainsi que le rôle des autorités françaises des vallées situées sur la rive gauche du fleuve Chisone dans la réorganisation des 'religionnaires' ; en effet, malgré les ordonnances royales des 1er, 1 0 et 1 7 j u i n i nterdisant aux habitants de ces territoires de prêter secours aux Vaudois des vallées p i émontaises, ceux-ci accueillirent systématiquement les réfugiés en leur reconnaissant un statut officiel. Pour comprendre cette attitude, ainsi que l ' absence d ' une prise de position officielle du gouvernement français dans cette affaire, il faut rappeler les efforts que Mazarin déployait en ce moment-là pour attirer l ' Ang leterre protestante de Cromwell dans la sphère française: puisque dès la fin du mois d ' avril 1 655 l ' opinion publique internationale était informée des massacres contre les Vaudois, on peut comprendre que la France n ' eût pas voul u compromettre l ' i s sue de ses négociations avec le Lord Protecteur, qu i aspirait à devenir le guide du protestanti sme européen. Entre temps, l a résistance des 'religionnaires' s' était réorganisée e t des attaques avaient été menées contre plusieurs villes de la plaine. Le gouvernement savoisien dut donc se persuader que la question n ' était nullement résolue; des actions militaires visant à résoudre la question par les armes furent entreprises au cours des mois de j ui n et j ui l l et, mai s l a solidarité i nternationale des communautés réformées européennes envers les coreligionnaires piémontais fut si grande, que le duché de Savoie fut obligé à recourir à la diplomatie. En effet, les Vaudois avaient entrepris des actions envers les Cantons suisses, qui fournirent une aide financière i mportante, sollicitèrent l ' appui des É tats généraux des Provinces-Unies et envoyèrent à la cour de Savoie d' abord un représentant (Gabriel Wi s s ) , pu i s un e ambassade officielle guidée par Salomon Hirzel lors des négociations pour conclure l ' affaire. Le soutien de l ' Angleterre fut tout aussi important: huit lettres, rédigées par le poète John Milton, furent envoyées aux puissances européennes et un j eune diplomate du département d' état, Samuel Marland, fut envoyé dès le 5 j ui n d' abord en France auprès de Louis XIV, puis à la cour de Savoie, où il arriva le 1 e r j uillet et finalement à Genève. De plus, u n véritable déluge de protestations et d' appels furent rédigés sous forme de libelles et de tracts dans l ' Europe entière (et particul ièrement en Ho llande, en France, en Angleterre et en Al lemagne ) , pour solliciter le duc de Savoie à faire cesser ce qu ' il s considéraient une grave manifestation d ' intolérance. En effet, alors que l e

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=