La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazette 361 1 75 services. Et cela vaut quelque chose en u n temps que chaque maistre de camps pretend s'eriger en duc, et pair, ou du moins en mareschal de France9• Le comerce est ruiné à Paris, tous les / (F3v) marchands se desesperent, etb ceu x qui sçavent le secret des finances, disent qu ' il n ' y en a point à la Cour, et que les courtisans sont pauvres et n ' acheptent rien. J' avais oublié de dire que Monsieur de Guise est reduit à une si extreme necessité, que Monsieur le Chancel ier disoit ces j ours passés< avec etonnement, que cette i l l ustre et riche mai son qui avoit autresfois quatre cent mille escus de rente la plus part en domaine, n ' en avoit pas à present dix, pas mesme u n pouce de terre, le Duc / ( f04r) d ' à present aiant tout vendu, et jusques à sa maison de Medon 1 0• Voilà Mademoiselle de Pon t1 1 mal à cheval , i l est vray q u ' on asseure, qu ' i l s avaient rompu ensemble devant l e départ de ce Prince, la demoiselle n ' aiant pas voulu vendre corne luy. On en parle ainsi pieusement, je m ' en raporte. • +le+; b +ceux+ ; ' +que+; 9 Bailly fait allusion ici à Phlippe Mancin i , pour qui Mazarin cherchait à obtenir la principauté de Charleville et les gouvernements de Sedan, Stenay. Mézières ainsi que ceux du Mont-Olympe, Toul, Metz et Verdun. (Lett. de V.Berro à M.R., A.S.T., série citée, 26 juin 1 654). 10 Il s'agit du château de Meudon, qui fut érigé au XIV' siècle. En 1 527, il fut donné par le cardinal Antoine Sangui n à la duchesse d' Etampes , Anne de Pisselieu, favorite du roi François l. Le château Renaissance actuel fut terminé en 1 540 et cédé d'abord à Charles de Lorraine, qui le laissa en héritage à la famille de Guise jusqu'en 1 654. À l 'époque où Bailly écrivit cette lettre, la propriété du château passa à Abel Servien, qui le posséda pour cinq ans en y faisant faire de grands travaux d' aménagement, puis à Louis-François de Servien, jusqu'en 1 679. En cette année, il fut vendu à Louvois et en 1 695, il fut racheté par Louis XIV pour son fils, le Grand Dauph i n . Actuel lement, Je château est l e siège d'un observatoire, établi dans ce bâtiment dès 1 874. Cf., entre autres, M .-T. HERLÉDAN, Sen1ien à Meudon, "Bulletin de la Société des Amis de Meudon", 1 7 1 , 1 986, pp. 675-706. " Judith-Suzanne de Pons; les amours du duc de Guise pour Mademoiselle de Pons étaient l'objet de plaisanteries à cette époque-là, cf. TALLEMANT, op. cit., t. II, pp. 370-73 . On sait que le duc de Guise arriva même à i ntenter un procès contre Suzanne de Pons, pour une affaire liée à des bijoux et des tapisseries qu'elle lui aurait soustrait par la ruse. malgré les libéralités dont il la comblait. Cf. A. CHÉRUEL, op. cit. , t. II, p. 303.

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