La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 84 Corre.1p<mdance d 'A. Bailly - 1654- 1655 Monsieur le comte de Noian4 capitaine des gardes, et grand rai l leur, l uy dit apercevant sa passion: "Sire, voilà la Reyne, et elle ne so11ira plus du Louvre pu i squ ' el l e / ( f02r) y tient le rang, et l a place q ue toutes les reynesb ont accoutumé d'y tenir." La Reyne n ' en estoit pas moins ravi e , et comme on l a cajolla que nostre Princesse avoit ses yeux , et sa bouche, e l le repondit:' "D' accord pour l a bouche", mais que la Princesse avoit les yeux plu s beaux qu' el le. Monsieur l e duc d' Anjou fit descendre ce portrait, et la Reyne et luy le mesurerent, et la Reyne s' estant appliqué la mesure, el le trouva et dit tout haut qu' elle n ' estoit que de deux petits doigts plus haute que la Princesse, / (f02v) adjoutant par un e loge qu ' el le fit à la probité de Monsieur le prince Thomas\ qu ' i l fallait croire que la Princesse avoit asseurement cette bel l e taille, e t toute cette bonne mine puisque ce Prince l ' avoit fait ainsi tirer l uy mesme, et qu' i l estoit incorruptible. E l le envoia querir incontinent Monsieur Toucheprés6, et luy faisant voir ce portrait, e l l e luy demanda s ' il en connai ssait b ien l ' ori ginal . Et il l uy respondi t aus s i tost, et sans hes i ter, ma i s tres obl igeamment, q u ' i l meconnoissoit cette image en c e l a seulemen t / ( f0 3r ) que Madame l a princesse de Savoie qui e n estoit J ' excellent original, estait beaucoup plus b l anche, et p l u s belle qu ' on ne l ' avait depeinte, s ur quoy Monsieur le marqu i s de Vardes adj outa, qu ' au moins l e peintre ne pouvait pas n i er qu'elle n ' eut l es mains, l es bras, e t sa gorge plus blanches qu' il ne l es avait tirés. La Reyne repliqua à Toucheprés que cette Princesse avai t bien des observateurs, et que lon luy avoit asseuré et protesté qu ' e l l e boitait des deux hanches. I l j ura à la Reyne le contraire, et l uy dit / (f03v) qu' il avait " Il s'agit d' Anne de Noailles (mort en 1 678), connu d' abord sous l' appellation de baron puis. à partir de 1 645, de comte de Noailles. À la mort de son père, il hérita la sénéchaussée de Rodès et la lieutenance générale de la Haute-Auvergne. ainsi que le gouvernement de Perpignan ( 1 646 ). Il exerça la charge de capitaine de la compagnie écossaise des gardes du corps à partir de 1 648. Les provisions pour cette charge furent données au comte de Noail les en 1 653. Entre temps, il avait été créé lieutenant général des armées du roi ( 1 650). En 1 663, il fut nommé duc et pair (C. PINARD, op. cit., t. IV. pp. 75-78. G. TALLEMANT, op. cit. , t. II, p. 1 092, n. 7). ' Le prince Thomas de Carignan, qui s'était rendu dar1s le Piémont au mois de décembre 1 654. '' Sur le marquis de Toucheprés, cf. gaz. 358. n. 1 7 .
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