La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 88 Correspondance d 'A. Bailly - J654- 1 655 Il m' a doncque ôit tout ce qui suit. Que l a Reyne aprés luy avoir fort loué de nouveau l e portrait de nostre Princesse / ( f02v)h l uy dit tout bas, et comme à l ' ore i l l e , que non obstant tout l ' agrêment du Roy, il n ' epouseroit point la Princesse qu ' il ne l ' eu t vëue'. Ce qui montre , ainsi que l uy mesme demeura d ' accord, que ce mariage dependoit d'un autre1 et que l ' entre-veue estoit un piege i nnocent où l ' on pretendoit fai re tomber pour toutes les caresses, et les adresses possi bles, celuy qu ' on voudrait passionement attacher à une N [iece]" au mesme temps qu ' on attacherai t l e Roy à une soeur'. Mais, Madame, en verité, me / (f03r) voi la pour la seconde fois coupable, et j ' en dirois trop, si je ne vous disois ce que les autres di sent. Y.A.R. par sa derniere lettre<' encore me commandoit absol ument de l uy escrire toutes choses, et si elle ne m ' e n avoit fait l a grace dans ce dern ier voyage que j ' ay fai t en Piemont7 de me confier quelques secrets de ce mistere. Ai nsi Madame, je ne me retracte, je n ' ai p l u s de creinte, parceque j ' ag i s par une obeissance aveugle, et s u r J e p l an , et l ' asseurance de la confidence de Y. A . R . . / ( f0 3 v ) Neantmoin s , Madame, pour ne p as trop hazarder, j e supprime bien d ' autres particularités, e t c irconstances d e l a chose, et sur tout la joye que certaines lettres ont causée à la Cour pour l ' asseurance qu ' el les donnent que le coeur du Demi Dieu s ' amolit, et qu' i l ne sera pas i nv incible. ·1 Celui de Charles-Emmanuel I l avec une nièce de Mazarin, dont Bailly parle si souvent dans ces lettres. La volonté de Louis XTV de voir la princesse Marguerite avant de conclure le mariage prétendu est à mettre en relation avec la nouvelle rapportée plus haut d'un voyage de la cour à Lyon. Nous rappelons que ce voyage eut effectivement l ieu en 1 658, avec l' issue désastreuse que l 'on sait: le ' piège' dont parle Bailly quelques l ignes plus bas devait se révéler bien plus cruel que l 'on n ' i maginait. ' Il s'agit d 'Ortensia Mancini. 5 C'est-à-dire à Marguerite. " Cette lettre de Madame Royale à Bailly n ' a pas été conservée. 7 Le voyage clans le Piémont auquel Bailly fait allusion est celu i qu' i l avait fait au cours de l ' été 1 654, pour ses obligations liées à la charge de Visiteur général; sur le but caché de ce voyage, des bruits avaient couru à Paris selon lesquels Bailly devait surtout s ' instruire sur le mariage de Charles-Emmanuel II: Vincenzo Berrà, qui nous rapporte cette nouvelle, ajoutait que l ' on avait démenti ces bruits en disant que "quando [Bailly] avesse questa comi ssione, n on reussirebbe perchè negotii che passano fra le mani de' fratti, poch i ne reusivano, e se reusivano, ne soggiungeva sempre mille imbarazzi." (A.S.T., Le1tere Ministri­ Francia, m. 62, fasc. 3, lettre du 29 juillet 1 654).

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