La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazetre 365 1 89 Il y a grand procés entre Monsieur de Rheims, et Madame de Nemours sa belle soeurx. Le mariage du premier s' avance lentement, il est fasché contre moi de ce que je n ' ai / (f04r) pas voulu escrire à Y.A.R. bien des choses qu'il m'avoi t comises, et pour lesquelles j e le renvoiei avec le respect deü, à Monsieur I ' Ambassadeur d' Aglié'1• On asseure fort la conversion de Monsieur de Turene 10, i l entend nos 8 Il s' agit de la question concernant ! "héritage de Charles-Amédée de Savoie-Nemours, qui opposait la duchesse de Nemours à son beau-frère soit sur la question de l' apanage de Genevois. soit sur celle du titre de duc de Nemours. En effet, dans une lettre datée du mois de juillet 1 655 et adressée à Madame Royale, la duchesse veuve informait de son appel au garde des sceaux pour résoudre la situation, vu qu'aucune solution à l 'amiable ne paraissait possible (cf. A.S.T., Corte. Lettere diverse Real Casa - Savoia Nemours. m. 8 1 , fasc. 3). Ici, par lexpression grand procé.1· Bailly ne désigne probablement pas encore une action légale. mais un simple différend, que le duc de Nemours tenait à résoudre par un compromis selon le vouloir de Madame Royale. Le véritable procès paraît commencer un peu plus tard: dans une lettre datée d'août 1 656, le duc de Nemours annonçait en effet le début du procès. Les Archives de l' É tat de Turin conservent deux requêtes présentées au Parlement de Paris par Henri de Savoie pour régler les clauses de ce compromis proposé à sa belle-soeur, datées du 1 8 février et du mois d'avril 1 656 (A.S.T., Corte, Princes de Genevois et de Nemours. Cat. Il, paquet 1 8, fasc.2), avec l'opposition d ' Elisabeth de Vendôme, duchesse de Nemours à l ' enregistrement du contrat de mariage de son beau-frère avec Mademoiselle de Longueville au cas où il prenne la qualité de duc de Nemours. Ce dernier document est daté de 1 657 ( ibid. , fasc. 5 ) . Les Archives Nationales à Paris ne semblent pas conserver de documents concernant ce procès; nous remercions Ml le Laura Ghiosso pour nous avoir fourni ce renseignement. ' L'ambassadeur Aglié n ' informait la duchesse sur les questions concernant le duc de Nemours que par une dépêche du 16 avril 1 655 (A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 62, fasc. 6, lett. 42/2). Nous rappelons que Bailly était aussi en contact avec la duchesse de Nemours: il dut donc refuser de plaider la cause de Henri de Savoie pour ne pas léser les i ntérêts de cette dernière. [{J On sait que le 23 octobre 1 668 le maréchal de Turenne, qui appartenait à lune des grandes familles protestantes de France. abjura la religion réformée et suivit l 'exemple de son frère aîné, l e duc de Bouillon, qui s ' était converti en 1 632. Les efforts des Catholiques pour convertir le maréchal de Turenne remontaient à 1642, mais ce serait autour des années 1 652- 1655 que. grâce à l ' amitié avec le duc d'York qui fut son compagnon d' armes pendant cette période, il aurait réalisé que la religion protestante avait puissamment contribué à la guerre civile anglaise et qu , e le principe du l ibre examen avait causé une grande confusion en matiè � e de religion. A partir de 1 655, il se livra donc à des études de théologie et d'histoire de l Eglise, en lisant les oeuvres des auteurs protestants ainsi que des théologiens catholiques. En outre, son aspiration à la réunion des É glises aurait augmenté son i ntérêt et sa crniosité pour le Catholicisme, aussi bien que ses contacts avec la doctrine salmurienne. Au cours des années 1 660, ses discussions avec Bossuet, Vialart et d' autres cathol iques éminents le portèrent à approfondir la question de l' unité des catholiques et finalement à la

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