La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 94 Correspondance d 'A. Bailly - 1654-1655 s' engager,0 est d' autant plus misterieux, que ces veues sont inouies, et sans exemple en cette nature d 'affaires. V.A.R. me comprend bien 1 1 • Le Cavalier m ' a dit, que l e voyage qu' a fait M . l e duc d 'Anville12 à Eloyes , n ' a point eu pour / (f04v) fin aucune proposition de mariage entre l e Roy, et Mademoiselle d'Orléans 1 \ d' autres tiennent le contraire. V.A.R. est tousjours d' une merveilleu se prudence, mais certes, elle a fai t paroistre s a grande conduitte, dans son p l u s grand jour, en s ' excusant de recevoir Monsieur le duc d ' York14, et d' avoir ainsi passé si genereusement sur ces tendresses infinies qu ' elle a pour son soing, pour ne rien bazarder en une chose si importante et s i dangereuse comme estoit de donner l a conduitte de ses troupes à un Prince, jeune, huguenot, et qui pouvoit attirer ' ' Bailly fait allusion au fait que le roi de France avait exprimé l 'intention de faire un voyage à Lyon pour voir la princesse Marguerite de Savoie (cf. gaz. 358, t'°5v); cette gazette nous montre que, malgré l 'euphorie que l a possibilité de ce mariage suscitait chez dom Albert, son attitude fut toujours prudente, car ici, il essaie de mettre en garde la duchesse contre une déception possible, qui d ' ai lleurs se produisit en 1 65 8 (cf. sur cette q uestion la correspondance romaine éditée par L. Giachino, cil., pp. 20-2 ] ). " François-Christophe de Lévis Ventadour, comte de Brion, duc de Damville (mort en 166 1 ), cf. Con: III, p. 8 1 , n. 40. I l avait été nommé premier écuyer du duc d'Orléans en 1 640. 13 La Grande Mademoiselle espérait toujours pouvoir épouser le Roi, bien qu' i1 fût son cadet de onze ans. 14 Dans la perspective de !' accord que Mazarin voulait signer avec ! ' Angleterre, les princes anglais qui résidaient encore en France devaient quitter le royaume. Dans les projets du Cardinal, le duc d' York devait se rendre en Italie servir dans l'armée du duc de Savoie, étant donné le fait que la duchesse Christine était sa tante; en effet, dans une lettre du 26 février 1 655 (Lettres du cardinal Mazarin ( . . . ) , cit. , t. VI, p. 44 1 ) , Mazarin demandait à Madame Royale que le duc soit accueilli en Savoie, puissance alliée de la France. On sait que la duchesse refusa de donner asile au duc d ' York en le nommant commandant des armées du duc de Savoie. La copie de la l ettre qu'elle écrivit à ce propos au Cardinal est conservée dans les Archives de l ' É tat de Turin, Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 59, fasc. l - Registro lettere della Corte, pp. 1 287-88, avec la lettre qu'elle écrivit à la reine d' Angleterre, sa soeur (ibid. , pp. 1 289-9 1 ). La version fournie par les mémoires du duc d ' York est beaucoup plus édulcorée; en effet, le mémorialiste écrivit qu'il "accepta l 'offre qui lui fut faite de servir en Italie ( . . . ) [car] il avoit une forte i nclination d'acquérir de plus en plus de l 'expérience dans les aimes, et la tendre amitié que sa tante, la duchesse de Savoie, l uy avoit témoignée en toutes occasions, 1 ui faisoit embrasser ce parti avec d'autant plus d'agrément, qu' i l avoit beaucoup de reconnoissance pour ses bontés, et qu'el le souhaittoit passionnément de l ' avoir auprès d'el le"; selon ce témoignage, i l fut ensuite obligé par son frère Charles I I de le rejoindre en Flandre, ce qui l 'empêcha d ' accepter l a proposition 'italienne' (cf. Mémoires du duc d ' York ( . . . ), cit., pp. 594-95).

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