La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Gazette 367 1 99 On a mesme adjouté que M. le prince MauriceK en avoit instamment supplié V.A .R . et qu ' i l s fussent commandés par celuyqui me combla de tant de bontés à Rivolesg9, et dont je luy fis aprés le recit. Quoique je ne sceusse rien de cette affaire, j ' ay rêpondu hautement, que ce seigneur qu ' on demandoit exposoit toutes l es campagnes sa vie pour l e service de Sa Magesté, e t que tous l es chefs de l' armée en estoient temoins, et qu'il falloit bien / (f0 3v ) qu ' i l n ' y eut point de seureté pour le passage, ou que l es enemis eussent mis bon ordre sur l es frontieres pour avoir obligé V.A.R. à refuser ce secours, pre supposé qu ' el l e l ' eust effectivement refusé, et qu ' aprés tout, envoier un si petit nombre si loin, et dans l a necessité de passer sur le milanois, et sur l ' etat de Parme, c 'estoit immoler visiblement, et le chef, et les soldats à la fureur de l eurs enemis. Tant y a, Madame, qu ' on m'a avoué que Y. A . R . avoit b i en fait, et qu ' on ne l a sçauroit surprendre. / (f04r) Un domestique de Son Eminence10 me parla fort l ' autre j our de S .A.R. , me fit cent questions sur sa persone, sur ses inclinations, sur son esprit, adjouta qu ' i l s ' en estoit entretenu avec Son Eminence et parlé du mariage dont est question . V.A.R . m' entend. Voyant que je ne repondois . point, il se tût, aprés il revinst à la charge, me dit que Y.A. R . demandoit trop de choses, que pour Vercei J ,h l ' investiture du Montferrat, et l a citadelle,; l ' on vous promettrait de vous en mettre en possession1 1 • Qu 'enfin i l estoit de la prudence dei V.A.R. d' y songer, et qu'elle avoit bien besoin / ( f04v) de menager cette affaire si adroitement, que l ' espri t de Son Eminence n ' en demeurat point b lessé, estant si puissant qu ' i l est. Je luy repondis que des affaires si importantes surpassoient ma capacité, que je n ' avois aucune conoissance de celle-ci mais que je sçavois de certaine science que V.A . R . estoit toute à Son Eminence, qu ' e l l e en devoit estre persuadée et que sans entrer dans la discussion de cette affaire particuliere, que j ' ignorai s , il pouvoit asseurer ce Mi n istre, que quandk { toutes } les 8 Maurice de Savoie-Carignan ( 1 593- 1 657). ' Il pourrait s'agir du marquis Ghiron-François Villa. qui était général de la cavalerie de Savoie, ou bien du marquis de Pianesse, général de !' Infanterie. '0 Il s ' agit d'Isaac de Baas, comme Bailly le dit explicitement dans la lettre 369 (n.2). 1 1 On a dit précédemment que pour dissuader le Cardinal du mariage de sa nièce Ortensia Mancini avec le duc Charles-Emmanuel, sans pourtant le blesser par un refus explicite, Madame Royale avança sciemment des prétentions exagérées pour donner son consentement.
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