La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 1 9 commencèrent à mentionner l a possibilité d' une alliance de l a princesse avec le roi de France. Bailly, qui avait été au Piémont au cours des mois de j u il let et août touj ours pour ses fonctions de Visiteur, y fit allusion l a première fois dans s a lettre du 23 octobre ( n . 357). À partir de cette date, et j usqu ' en avri l 1 65 5 , dans presque chaque lettre , i l déploya toutes les ressources de sa flatterie courtisane et tout son talent d' orateur pour décrire par des termes enthousiastes l ' accueil que le roi de France fit au portrait de Marguerite qui lui fut présenté par Mazarin et, en même temps, pour essayer de minimiser les bruits sur les désavantages esthétiques de la 'Savoyarde' . I l nous paraît également i ntéressant de s ignaler que déjà au cours de l ' automne 1 654, on parla à la cour de France des projets pour un voyage du roi à Lyon, "pour voir sa petite femme future"23• On sait que ce voyage se réalisa en novembre 1 658, mais que l ' i ssue fut on ne peut plus désastreuse, car la rencontre des deux 'fiancés' se transforma en un piège: au même mo­ ment, l ' ambassadeur espagnol Pimentel apporta à Mazarin le consentement du roi d' Espagne au mariage de sa fille avec le roi et la proposition pour la paix générale. Mais en 1 654 et 1 655 , ce projet de mariage (qui paraissait bien sérieux) se heurtait aux intérêts du cardinal Mazarin, ou mieux à ceux de ses nièces. On sait que les 'mazarinettes' , arrivées en France à partir de 1 647, servirent au Cardinal de "monnaie d' échange et de cautions po l itiques"24• De l a première 'vague' de nièces, Laura Mancini avait épousé le duc de Mercoeur en 1 65 l , tandis qu' Anna Maria Martinozzi allait se marier en février 1 654 avec le prince de Conti . En 1 653, deux soeurs de Mazarin (Girolama, femme de Michele Mancini et Margherita, femme de Geronimo Martinozzi) étaient arrivées en France avec leurs filles: Maria et Ortensia Mancini, fil l es de Girolama; Laura Martinozzi, fille aînée de Margherita. La nouvelle tribu mazarine séj ou rna d ' abord en Provence, auprès de l a duchesse de Mercoeur et ne monta à Pari s qu ' après p l usieurs mo i s , en février 1 654. On sait que Laura Martinozzi épousa le duc de Modène en 1 655 , tandi s que les deux autres nièces devaient contracter elles aussi des alliances prestigieuses; en effet, Ortensia devint marquise de La Meilleraye et Maria Manci n i fut l a maîtresse de Louis XIV en 1 65 6- 1 657 avant d' épouser Lorenzo Onofrio Colonna en 1 66 1 . Quant à Olimpia Mancini, qui était arrivée en 1 647, elle avait été élevée avec le roi Louis XIV et à 23 Cf. lett. 358, f"° 7v. " H. MÉTHIVIER, op. cil., p. 272.