La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

2 1 6 Correspondance d 'A. Baillv - 1654- 1655 d' assauts, auroit fort branlé dans celui -ci et si quelque partie de son corps y eut remporté la victoire, sans doubte, ç' auroit esté sa teste qui entrainant, et faisant / (f' l v) tomber le corps, auroit pû dire que le plus faible, auroit veincu le plus fort. Tant y a, Madame, que pour representer en un mot I ' excés des convives, Mademoiselle de Rouanes' soeur du duc de ce nom, qui jusques alors n ' avoit pu souffrir la seule odeur du vin, trouva celle des brindes que l ' on portoit à la santé de VA.R. s i musquée, et si agreable, que se faisant donner un verre plein d ' un excellent vin de Baune tout pur, elle se leva, et imposant silence à tout le monde, elle parla en cette maniere: "Puisque persone ne me porte aucun brinde à la santé de l auguste / (f0 2v) marreine, ni à celle du beau" et auguste parrein, laissant le soin aux hommes de boire à la santé du dernier, je bois ce vin tout pur à la santé de Madame Royale." Je me levei, Madame, à ce grand mot, et luy dis: "Mademoiselle, si vous aviés l ' honneur de connoi stre cette adorable Princesse vous continueriés dix fois ce brinde". Et achevant ces mots tout le monde se leva croiant que je leur allois donner un plat de mon metier, c ' est à dire haranguer sur vos incomparables vertus, mais n' / (j02v, marge gauche) estant pas alors bien en estat de parler avec ordre, creignant, Madame, de vous mal louer, je dis graces, et ne pus dire Vespres q u ' à dix heures du soi r. Voi l a , Madame, l ' abregé de cette innocente debauche. " mot surligné dans le ms .. ' Charlotte Gouffier ( 1 633- 1 683), demoiselle de Roannez, soeur d' Artus (cf. gaz. 338, n. 24); une légende, démentie par J. Mesnard ( op. cil., pp. 209-45 et 463-530) voulait que ce fût une déception d'amour pour Mademoiselle de Roannez à provoquer la deuxième conversion de Pascal en 1 654. À l'époque. Charlotte était encore dans le monde et songeait même à trouver un mari, mais en 1 656 e l le se convertit au jansénisme (par force, afin de suivre les dictées de Pascal pour certains, spontanément pour d' autres) et après un séjour de quelques mois au Poitou, elle entra à Port-Royal contre la volonté de sa mère. Elle y fut enlevée quelques mois p l us tard, mais jusqu'à la fermeture de Port-Royal en 1 665, elle mena une vie semblable à celle de l a communauté janséniste. Après cette date, e l le recommença à fréquenter le monde et par la suite elle épousa François d' Aubusson, comte de la Feuillade. Sur Pascal et Mademoise l le de Roannez. en plus de l ouvrage de J. MESNARD. Pascal et les Roa1111ez ( . . . ), cit. on pourra consul ter les Oeuvres complètes de Pascal, texte établi par Jean Mesnard, Paris. Desclée de Brouwer, 1 964- 1 992. 4 vols parus, en particul ier t. I , pp. 9 1 8-34, l l 06- 1 1 ; t. Ill, pp. 996- 1 047; t. IV. pp. 74-84, 85-88, 1 529.

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