La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazerte 375 225 vaisseau demeure dans un miserable estat de ne pouvoir perir, ni se sauver. J' estois donc, Madame, dans une agitation toute semblable, i ncertain [de] ce que je devais faire, et de ce que je pouvois devenir, quand la main toute puissante de Y.A . R . par v i ngt-deux l ignesg qu ' el le a pris la peine de m' escrire9, corne par vingt-deux chaisnes m ' a arraché, et tiré vigoureusement du milieu de mes tempestes à un port asseuré, et Dieu merci / (f' Sr) il ne me reste de tous mes deplaisirs que la joye de voir à mes pieds, les foudres que j 'avois oüy si longtemps gronder au dessus de ma teste. J ' en remercie, Madame, Y.A.R. de toute l ' etendue de mon coeur, je la reconois pour ma l iberatrice unique en tous mes maux et pour ne pas neantmoi ns abuser de vostre bonté quelque i nfi n i e q u ' elle soit, je vous supplie tres-humblement, Madame, de me permettre de luy donner des bornes pour ce qui me regarde et de la conjurer de ne la point exercer sur moi, ni me pardoner11 lorsque je l ' offencerei par malice. Aprés quoy, il ne / (f05v) me reste sinon de la prier respectueusement de ne point s ' il luy plaist nommer les persones qui m ' ont donné ces faux advis, puisque le seul zele qu' ils ont pour moi, les y a obligés, et que j ' en pourrei recevoir d' autres qui pourront estre utiles à V.A. R .. Je me fie entierement à elle, et qu' elle menage selon sa prudence acoutumée mon obeissance si simple, et si aveugle. Monsieur de Baas 1 0 gouverneur du jeune Manc i n i , et dont j ' ay escrit autresfois à V.A.R. me vint voir hier, et me fit voir une lettre que Monsieur son frere1 1 l uy a escritte de Thurin. C' est, Madame, celuy que Son Eminence envoie à Modene. Voici la teste de la / (f' 6r) lettre, et que ce gentil-homme me leüt: Mon frere, j ' arrivei hier à Thurin la nuit close. Je fus d' abord visiter Monsieur l' Ambassadeur12, le lendemain j ' alley voir M. le prince Thomas eloigné de plusieurs lieues de Thurin, et luy rendis la lettre de M. 9 Bailly remerciait la duchesse Christine de la lettre qu' elle l u i avait écrite e n décembre 1650, après quelques mois de silence, et que notre Barnabite qualifiait d' "adorable'' (cf. Con: li. p.4 1 5). Dans ce courrier. qui ne nous a pas été conservé. la duchesse devait rassurer Bailly sur la continuation de ses bonnes-grâces. 10 Isaac de Baas, cf. gaz. 338. n. 26. " Jean-Charles de Baas. cf. gaz. 367, n. 4; il avait été envoyé combattre dans le Milanais pendant la campagne militaire de 1 655, au service du duc de Modène. 12 Ennemond Servient, ambassadeur de France à Turin.

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