La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

234 Correspondance d 'A. Bailly - 1 654- 1655 provinces du royaume ont fait des prieres publiques, des jeunes, et des levées de deniers pour Je soulagement de ces imposteurs, et Monsieur le Nonce 111 a dit à un de nos Peres, que j amais chose n' avoit fait tant de bruit dans tout le Septentrion que celle-ci . Par bonheur, Madame, Monsieur Sansoz 1 1 / ( f0 7r) m' avoi t escrit ce qui s' estoit passé dans cette expedition, et que l ' armée avoit marché contre des rebelles, et non pas contre des heretiques. Je me suis servi de ces J umieres à propos, et j ' ai , ce me semble, desabusé suffi samment et en B earn , et ailleurs les partisans de ces menteurs. Mesme je fis resouvenir, et confesser à M. de Vignoles que des-ja du temps qu' i l estoit en Piemont, ces frippons se revoltoient à tout moment, et fai soient bien de la peine à feu Charles Emanuel . Monsieur le Nonce / (f'8r) vient de dire à ce Pere dont j ' ay parlé, que les Huguenots des royaumes etrangers, et ceux de France commencent à estre persuadés que ce n ' est pas la religion qu ' on a attaquée dans la vallée de Luserne, mais la rebel lion, et que l ' emotion cesse12• Il a adj outé que V.AR . a eü un peu trop de zele, et un Huguenot appellé Monsieur Pel lisson13 puissant dans son parti m ' a dit depuis peu, que les levées d' argent qu' on faisoit pour ces rebelles sont suspendues dans la creance que l ' on a que Je mal n ' est pas si grand qu ' i l s l e font, et qu' il s sont coupables. '" Le Nonce est Niccolo di B agna ( 1 5 83- 1 663), qui resta en France jusqu' en 1 656. (cf. L. KARTTUNEN, Les nonciatures apostoliques permanentes de 1650 à 1 800. Genève, 1 9 1 2). " Jean-Claude Sansoz, secrétaire d' É tat pour les affaires intérieures et secrétaire ordinaire de la grande chancellerie de Savoie, cf. gaz. 334, n. 50. 1' En réali té, Bail l y essaie ici de flatter la duchesse, car on sait qu'à l 'époque, la solidmité envers les Vaudois de Piémont était très vaste et que les actions pour faire cesser ce que les Protestants considéraient comme des persécutions rel i gieuses étaient extrêmement nombreuses en France. Claretta rappelle d'ailleurs le rôle joué auprès du gouvernement français par les huguenots i l lustres, tels que Turenne et le marquis de Ruvigny (op. cit., t. 1, pp. 1 29-30). L' li pourrait s ' agir de Paul Pell isson Fontanier ( 1 624- 1 693), l 'homme de lettres intime de Fouquet et de Madeleine de Scudéry, né à Béziers (ou Castres) d' une famil le protestante, comme Conrart, et très actif parmi les réformés jusqu' à son emprisonnement à l a suite de l a disgrâce de Fouquet; à l 'époque, après avoir acheté une charge de secrétaire du roi , i l était devenu premier commis d u surintendant des finances. Son His10ire de ! 'Académie venait d'être publié en 1 652. Bailly pourrait également faire allusion à Georges Pell isson, frère de Paul, né en 1 620, fondateur de l 'Académie de Castres mais vivant à Paris, lui aussi écrivain (mais toutes ses oeuvres sont apparemment perdues). Sur Paul Pel l i sson, cf. la bibliographie citée dans le Dictionnaire des lettres . françaises publié sous l a direction du Cardinal Georges GRENTE, Le XVII' siècle, éd. revue par A. PAVPHILET, L . PlCHARD ET R. BARROUX. sous la dir. de P. DANDREY, Paris, Fayard, 1 996, ad vocem.

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