La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Gazette 379 243 Elle estoit persuadée qu ' i l luy estoit debiteur de plus de troi s mill ions, et }es comptes rendus, il s ' est trouvé qu ' i l ne luy devoit en tout que huict cent mil le livres. Comme S.A.R.2 avoit des pretentions sur elle, elle luy fit dire qu ' elle luy donat cette somme là, et qu' ils se fissent des quittances respectives, à quoy elle ne voulut consentir. Cela a esté cause que Monsieu r s ' est rendu si soigneux à chercher des p ap iers contre elle, qu ' il a trouvé que feu Madame sa femme3 l uy avoit donné / (f02r) sa vie durant l ' usufruit du quart de tous ses biens, ce qui embarasse fort Mademoiselle, qui a joui de plus qu'elle ne pensoit depuis long temps, et dont elle doit rendre compte à Monsieur. E l le se trouvera à la fin debitrice, de creancier qu'elle s ' estimoit estre. Monsieur luy a fait dire qu' il ne la ven-oit jamais tandis qu' elle auroit auprés d'elle quelques broui llons qui luy donnent de pernitieux conseil s . C' est Prefonteine4 son secretaire, et Nau' procureur du Chatelet, qui la possedent de vue de Bailly est ici entièrement favorable au duc d'Orléans, peut-être aussi à cause de son amitié avec le baron de Sainte Fricque, qui était au service du Duc et qui pouvait le renseigner avec partisanerie. 2 C'est-à-dire Gaston d'Orléans. J Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier avait épousé Gaston d'Orléans en 1 626 et était morte en couches un an plus tard. 4 Nous croyons pouvoir l ' identifier avec César-François Oudi n, sieur de Préfontaine, romancier, linguiste et lexicographe. li fut au service de Mme de Sévigné (Dictionnaire des Lettresfrançaises publié sous la direction du Cardinal Georges Grente - Le XVIII" siècle (. . .) cit., p. 1 008 et J. SERROY, Roman et réalité - Les histoires comiques au XVI/'" siècle, Paris, M inard, 1 98 1 , pp. 548-68 et passim). Les mémoires de Mademoisell e de Montpensier disent à ce propos: "Lorsque Prefontaine vint à mon service, ce fut la première année que ' Monsieur me donna la jouissance de mon bien. Je fus si aise de l ' avoir, que je dépensois au-delà de plus de trois mille livres de mon revenu. ( . . .) Pendant mon exil, j'avois des chiens et des chevaux plus qu' à l 'ordinaire, il venoit beaucoup de compagnies me voir; je batissois, et cependant pour cela mon tresorier n ' étoit point ou peu à l 'avance lorsque Prefontaine quitta mon service. On peut attribuer cela à sa bonne conduite. ( . . . ) Pour Nau, il n' agissoit que par les ordres de Prefontaine, et pour ces sortes d'affaires domestiques il s'en mêloit peu: i l entendoit mieux ceux du Palais." (Mém.oires de Mademoiselle de Montpensier (. . . ), cit., p. 1 9). Après avoir quitté le service de Mademoiselle, Nau accepta les dix mille écus qu'elle l u i offrit et acheta une charge de conse il ler au parlement de Metz, tandis que Préfontaine refusa l' argent pour acheter celle de maître des comptes (ibid., p. 1 94). s Nau était l ' homme de confiance de Mademoiselle, qui le rappela auprès d'elle, même si son père, Gaston d 'Orléans, l ' avait obligée de se séparer de lui à cause de la mauvaise influence que celui-ci avait sur son esprit. À cette époque-là, il était son i ntendant. Cf. ÎALLEMANT, op. cil., t. ll, p. 466 et J 302. Le petit travail consacré à la Famille Nau (branches masculines et . féminines) ( 1550 à 1894 ), notice historique et généalogique, Paris, Imprimerie
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=