La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Ga;:etre 379 245 Mons ieur de Nemours est encore d ' advis qu ' on escnv1t contre ces imposteurs, ce ne seroit point ni manifeste, ni apologie, mais un escrit d ' un particulier, auquel V.A.R. ne prendroit, si elle ne voulait, aucun interest, ni point de part, quoique plusieurs autres princes aient fait des manifestes, pour des choses de moindre consequence. J ' ai desj a offert ma plume, telle qu' elle est, à V.A.RY. Elle en disposera comme bon Iuy semblera. J ' ay donné" / (f0 4r) un escrit de ma main assés fort, et assés ample pour l ' envoier à Amsterdam, et consoler mon ami 1>. Tou t le fie l , et tout l e poison de l a rage des heretiques se repandent sur Monsieur le marquis de Pianesse1\ qu' i l s essaient de decrier autant qu ' il s peuvent dans Paris. Cette persecution i nfernale qu'il souffre pour l a justice, luy est bien glorieuse, tout le monde n ' en est pas digne. Neantmoins je crois qu ' i l ne perdra pas le merite de sa patience, estant puissamment defendu, et j ustifié ici par ceux qui conoissent sa vertu, et son admirable conduite. Je preschey dimanche passé aux Filles Dieu 1\ où se trouverent Madame la ' ' En effet. Bailly proposa à la duchesse d'écrire lui-même un texte qui répondrait aux accusations protestantes contre l' action militaire des troupes de Savoie, cf. gaz. 378, F5; dans la lettre 386, ff. 3v-4r, i l précisait que Je Chancelier Séguier le déconseilla d'écrire un tel ouvrage, dont il avait commencé à composer l ' introduction (cf. document 386-A). '' Il serait tentant de voir dans ce texte que Bailly aurait envoyé aux Pays-Bas le matériau sur lequel fut composé le Manifest of " V e rhael van het bedriif"der Vaudoisen, opuscule de 8 ff. in-4° favorable à l a cour de Savoie et pan.1 sans mention de lieu. D 'après la description qu'en donne E. Balmas (cf. La vera re/azione (. . . ), cit. , p. 1 74-ss.), cet ouvrage se présente en effet sous la forme d' une lettre qu ' u n correspondant parisien aurait envoyé à un destinataire fictif pour l ' informer de la situation 'en toute bonne foi' . La lettre, datée de Paris, 31 juillet se propose de rétablir la vérité des faits d'un point de vue catholique en se fondant sur Je fait que les Vaudois seraient essentiellement des rebelles, du moment qu'ils s'étaient opposés à la volonté de leur prince. Les deux autres parties du document sont un récit en vingt-neuf paragraphes de ce qui s'est passé dans le Piémont et. ce qui nous intéresse pa11iculièrement, une lettre de la duchesse Christine datée de Rivoli, le 20 juillet et adressée à u n serviteur fidèle de l a cause de Savoie qu i se trouve à Paris et qui joue le rôle d ' i nformateur (Bailly?). Ce texte, conservé à l a B ibliothèque Wallonne de Leiden et découvert par E. Balmas mériterait qu'on l'examine de près pour en approfondir l'analyse. " Charles-Emmanuel-Philibe11 de Simiane, marquis de Pianesse ( 1 608- 1 677). Pour son rôle dans les troubles des Vaudois, cf. A. ARMAND HUGON, Le Pasque Piemontesi e il marchese di Piane-::.za ( 1655), ··Bollettino di Studi Sto1ici Yaldesi" XCVl l l, 1 955, pp. 5-49 qui contient sa correspondance avec la duchesse Christine au sujet des Pâques Piémontaises. " Le couvent des Filles-Dieu était situé au faubourg Saint-Denis, dans le terrain aujourd'hui occupé par le passage du Caire et il avait été confié aux religieuses de l'ordre de Fontevrault. Bailly prêchait souvent dans l ' église de ce couvent.