La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 23 projet. L'éditeur de ces Mémoires se demande même si le duc de Nemours songea vraiment à cette union, du moment qu'il ne pouvait ignorer la fidélité de Mademoiselle de Longueville au jeune Stuart. Dans le même ouvrage, i l est dit également que la brusque accélération des préparatifs en 1 657 , après tant de lenteurs, était due au fait que l e Cardinal avait découvert l ' i ntrigue entre Mademoiselle de Longueville et le duc d ' York par l ' interception d' un courrier venant de Flandre. Or, i l est bien vrai que Mademoisell e de Longueville manifesta très peu d'enthousiasme envers l ' alliance avec le duc de Nemours: un témoignage nous est fourni , dans cette correspondance, par l a lettre 340, où Ba i l l y rapporte ses réactions désespérées à l a proposition officielle de ce mariage, qui traîna en longueur aussi bien pour les questions concernant le contrat de mariage que pour les hésitations de la demoiselle. En effet, Bailly fait remarquer dans l a lettre 344 que le mariage avec le duc d ' York aurait été plus prestigieux, car James Stuart était le frère du roi d' Angleterre Charles II; en outre, l es mauvaises conditions de santé du duc de Nemours ne contribuaient pas à augmenter son attrait. Mais le témoignage de Bai l ly est loin de dresser un portrait idyllique de l ' inclination de Mademoiselle de Longueville pour le duc d' York: dans sa lettre 387 , notre B arnabite défi n i t bien cette passion de "politi que" et précise que l ' espoir "d' obtenir une chaire à bras à la cour" et de surpasser aussi bien sa tante, la princesse de Carignan, que la nouvelle princesse de Conti avait été le ressort principal de cette i nc l i nation . Quant aux circonstances dans lesquelles celle-ci se développa, l a version de Bai l l y e s t différente: dom Al bert révèle à l a duchesse Chri stine qu ' un rôle déterminant avait été joué par l ' abbesse de Maubuisson, fille naturelle du duc de Longuev i l le, l aquelle aurait d' abord essayé de convaincre son père à donner son consentement à ce mariage, et puis conseillé Mademoiselle de Longuevi l le d' abandonner ce proj et. Cette dernière aurait mal interprété cette intervention et aurait accusé sa demi-soeur d ' avoir agi auprès du duc de Longueville à son désavantage. Quant à Nemours, il n ' aurait pas servi à dépister les curieux, mais à faire décider le duc d' York qui, comme le dit Bailly, était "plus intéressé au combat de Mars qu ' à ceux de l ' amour". Par la suite, Mademoisel l e n' aurait pas osé rompre cette i ntrigue par crainte des réactions violentes d ' un prince "amoureux , méprisé, courageux et spirituel". Les lettres de Bailly nous permettent également de rectifier l a chronologie des d ifférentes étapes qu i conduisirent à l a concl usion du mariage, en

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