La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

258 Correspondance d 'A. Baillv - 1654- J655 pour conserver son autorité, et sa j urisdiction dans l ' archevesché de Paris. Et ses ami s sont s i odieux ici, qu ' hier on mit encore dans la Basti l l e un secretaire du Roy nommé Matarel 14, soupçoné d' entretenir comerce avec ce Cardinal l à . / (f0 6r) Le curé de Saint Pau l15, qui a grand pouvoir dans sa belle, et vaste Parroesse, dut exposer il y a quelque temps les armes de Sa Sainteté, et et donc protecteur de Retz contre le Cardinal. Le nouveau Pape, Alexandre VfIJ, ménagea d' abord le cardinal de Retz et lui donn a même le Pallium le 2 j u in 1 655. Reconnu donc formellement archevêque de Paris, Retz enleva tout pouvoir aux vicaires généraux du chapitre nommés par la cour et donna le pouvoir au curé de Saint Séverin et à celui de la Madeleine (cf. notes 1 7 et 1 8). Mazarin adopta alors une autre stratégie et accusa Retz de jansénisme. Malgré des hésitations qui se prolongèrent jusqu'au mois d'août 1 655, le Pape finit par lui enlever son autorité et proposa la nomination d'un suffragant. Mais paradoxalement, cette nomination représentait un nouveau danger pour Mazarin, car il craignait la réaction des assemblées du clergé qui devaient avoir lieu quelque temps après Uuin 1 656), et auxquelles cette nomination semblerait sans doute une atteinte aux libellés de l ' Egli se gallicane; pour cette raison, le Cardinal fit nommer un vicaire général choisi par Retz. " Matarel, ou Matharel, conseiller du Roi, surintendant de la maison et des affaires du duc de Vendôme, puis intendant de la Marine du Levant (cf. Lettres du cardinal Mazarin (. . .). cil. , t. VI, p. 329, n. ! ) ; il était parti san de Retz. Le ms f.fr. 5844, f0 473 annonce son embastillement le 1 6 juillet 1 655, pour avoir eu "intelligence avec le cardinal de Retz". 15 Le curé de Saint Paul était Nicolas Mazure, mort en 1 685; cf. J..M. GRÈS-GAYER, op. cit., n . 78 ; le ms f.fr 5 844 rapporte qu'au mois de juin le cardinal de Retz avait '"escript à Messieurs de Nostre Dame, et leur fait reproche de n ' avoir pas soustenu avec assés de fermeté J'authorité de leur pasteur, et a envoyé un mandement aux curés de Saint Severin et de la Magdelaine pour la publication du jubilé, comme ses grands vicaires" (f0 457); en effet Retz, qui venait de rentrer à Rome après un séjour en Toscane, était accusé d'avoir fait i mprimer à Paris des libelles destinés à semer la discorde dans son diocèse, et d'avoir interdit aux vicaires généraux nommés par le chapitre sur ordre de la cour de remplir leurs fonctions. Le mandement fut effectivement affiché à Paris au mois de juin: par celui-ci, Retz nommait comme ses vicaires Chassebras, curé de l ' égli se de la Madeleine et Hodencq, curé de Saint­ Sévérin et leur ordonnait la publication du jubilé célébré cette année-là à l occasion de l 'élection du nouveau Pape. Le 1 9 juin, le gazetier du ms f.fr. 5 844 ( F 465 r) ajoutait en effet que "l'abbé Ondedei est ici depuis trois jours, et a eu conference avec le Nonce, et le Chancellier touchant l 'affaire du Cardinal de Retz, et la publication du jubilé, pour quoy i lz ont depeché à Rome pour avoir la resolution de S. Sté et les curés de la Magdelai ne et de St Severin ont remis leurs commi ssions de grand vicaires que leur avoit envoyé ledit Cardinal, entre les mains du Chancelier qui a fort approuvé leur procedé". Mais en réalité, alors qu'Hodencq se soumit à l'autorité royale et refusa la charge de vicaire, Chassebras se décl ara ouvertement partisan de Retz: le 1 6 juillet, "les Mi nistres ayant demandé raison au curé de Saint Seve1in de ce que contre la volonté du Roy il avoir receu des lettres du cardinal de Retz, il leur a fait responce que prenant l'ordre de prestrise il avoit fait veu d'obeyr à son