La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

270 Correspondance d 'A . Bailly - 1654 - 1 655 de questioner les femmes de chambre de l a Pal atine, qu i les avoient conduites. Elles exagererent extremement la magnificence du train de ce Duc, et celle de sa table servie aux depens du Roy. Pour son tra i n , e l les me dirent q u ' i l avoi t d i x hu i c t valets d ' ecur i e , dix-sept pages, et seize valets de pied, et que l eur hab<it> de livrée l ' un comportant l ' autre avoient cousté, chacun cinq cent cinquante l i vres . I l s sont d' une etoffe grise chargés de gros galons d ' argent. La depense de sa table mon te chaque j ou r à 2 . m l ivres4• La premi ere chos e que ce Prince a fai t , a es té de / ( f0 2r ) disgratier le pauvre Monsieur Priandi5, qui serva i t sa ma i son en q ua l i té de res ident en ce tte Court depu i s quarente ans, sans qu ' il y a i t gagné d e quoy faire un habit d e l a valeur de ceux de ses estafiers . Tl a aussi fai t chasser M. Cocher6 son i ntendant et qui avoit son secret. La Palatine qui luy insp ire tout ce qu ' elle veut, est cause de la disgrace de ces deux anciens domestiques, qui sont tous deux offencés, Priandi ayant plaidé contre elle, et Cocher ayant parlé à son desavantage. Elles adjouterent que la Palatine leur maitresse estoit desesperée de voir la moyennant l ' établ issement d' une garn ison de S ui sses dans la citadelle de Casai. Les négociations furent menées dans le secret et cachées par l 'éclat des divertissements et des fêtes (A. CHÉRUEL, op. cit. , t. Il, pp. 30 1 -ss.); toutefois, déjà en 1 656 il quitta la France pour l 'Empire, mais à la mort de ! ' Empereur Ferdinand Ill (qui avait épousé une Gonzague), toutes les charges qu ' i l remplissait lui furent enlevées et avec la Paix des Pyrénées, ses prétentions ne furent pas prises en considération. En 1 659, le duc de Mantoue vendit au cardinal Mazarin les duchés de Nevers et de Rethel (P. LITTA, op. cit. , t. III, fasc. Gonzaga di Mon/ova, tab. VII). " Au mois de j uillet, Mazarin écrivait à Colbert à propos du train du duc de Mantoue qui, tout en voulant demeurer i ncognito en France, avait tout de même une sui te assez considérable. Pour pourvoir aux dépenses du duc de Mantoue et de la princesse Palatine sa tante, qui devait s'occuper de lui et le "traiter aux dspens du Roy" (lettres du cardinal Mazarin (. . . ), cit., t. V II, p. 1 4), Mazarin donna des dispositions détail lées à Colbert, en soulignant qu' il s ' agissait d' "une chose de tres-grande importance au service du Roy et à [s]a satisfaction propre que ce prince soit bien receu et traitté, et on le fera avec grand mesnage" (ihid., p. 1 5). ' En effet, les Archives de l ' É tat de Mantoue conservent l a correspondance du résident Giustiniano Priandi jusqu'à l ' année 1 655; à pa11ir de 1 656, i l fut remplacé par Francesco Bellinzani ( 1 656- 1 659), puis par Baldassarre San Nazzaro ( 1 660- 1 662) et Vincenzo Styriggi ( 1 663- 1 665) . li réapparaît toutefois en 1 672- 1 673. Nous tenons à remercier Mme Daniela Ferrari, conservateur en chef aux Archives de Mantoue, qui a bien voulu nous fournir ces informations. 6 Personnage non identifié.

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