La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

2 76 Correspondance d 'A, Bailly - 1 654- 1655 de graces, que l 'Epousée mesme en rirait, si elle les entendait Entre autres, elle me dit, que l ' Epousée aprés s' estre macqué un jour en l ' entretenant, de tout Paris, qui estoit si abysmé dans l ' erreur, que de croire que ces deux aisnés esto i ent muets\ e l l e adj outah / ( f02r) fai sant l ' eloge du premier, qu'entre tant de rares qualités dont il estait orné, il excelloit particulierement en la discretion, qu' on se pouvait fier à l uy,b et qu' il estait Je plus secret de tous les homes, et qu'elle ne l ' avoit j amais pû obliger avec tout son pouvoir de luy declarer aucune chose, qu ' on luy eüt confiée. / (f02v) Cette Abbesse m ' a dit tout le roman des amours de Monsieur de Nemours , et de Mademoiselle de Longue-Vil le. En voici à peu prés la substance. Comme elle est toute puissante sur 1' esprit de Monsieur de Longue-Vi lle, Mademoiselle de Longue-Ville sa seur formant il y a quelques années le dessein d' epouser Monsieur l e duc d' York pour avoir une chaire / (f03r) à bras< à la Cour5, elle declara sa passion politique à cette Abbesse, et la pria de l ' appuier auprés de Monsieur de Longue-Ville. Elle le fit, mais aiant trouvé des difficultés invincibles en cette affaire, elle les luy decouvrit, et luy conseil l a de tourner ses pensées à quelque / (f0 3v) autre prince, et luy nomma Monsieur de Nemours. Mademoi sel l e de Longue-Vi l l e dont l ' humeur est fort altiere s ' emporta à ce discours, et croiant que J 'Abbesse, qui estoit alors abbesse de Saint Pierre de Rheims sous la j urisdiction de Monsieur de Nemours", et qui ne la haissoit pas en ce temps l à , avoit ' L'aîné des enfants de la princesse de Carignan était Emmanuel-Philibert-Amédée ( 1 628- 1 709). À notre connaissance, c'était l e seul des enfants des princes de Carignan qui fût sourd-muet. 5 Pour la passion de Mademoisell e de Longueville pour le duc d ' York, cf. gaz. 332, n. 6. Mademoisell e de Longueville et le duc d ' York s'étaient rencontrés pour la première fois en 1 649, lors de la fin de la Fronde parlementaire et en 1 650, la reine d'AngleteITe avait envisagé de formu ler officiellement une demande de mariage; elle en avait chargé Madame de Motteville, mais la réponse de l a Reine fut négative, essentiellement pour des raisons politiques liées à la nécessité de ne pas faire passer aux mains d' un prince étranger les terres du feu comte de Soissons, à une époqu e très critique pour la monarchie française. Mademoisell e de Longueville ne renonça pourtant pas à l'espoir de contracter cette alliance, qui ne devait pas se réaliser. Le témoignage que Bailly nous fournit dans cette lettre modifie en partie la chronologie concernant le mariage avec le duc de Nemours; à cet effet, cf. Introduction, pp. 22-24. '' Effectivement l ' abbesse de Maubuisson, Catherine-Angélique d' Orléans-Longuev i lle, avait été abbesse de Saint-Pierre de Reims j usqu'en 1 653.

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