La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Gaz.erre 392 293 mainsd est un charme, et ma reverie un enchantement. Leur erreur m' est favorable, car elle les tient loin de moy, et me donne le loisir d' elever dans mon coeur vos infinies bontés, et de rendre ce temoignage, par escrit, que comme il n'y est point de princesse plus grande que V.A.R. il n ' en est point aussi qui puisse disputer avec elle de bonté, et de vertu. Vostre modestie, Madame, et ma sterilité, m' imposent ici silence, et' quand vostre panegyrique serait un dessein' qui pût reussir par la force de l ' eloquence, i l y faudrait emploier une l angue plus adroite que la rniene, et chacun tomberait bien d' accord, que ce serait hazarder une bonne cause, de la mettre en de si faibles mains, et de luy donner une protection si impuissante. / (f0 3r) On me mande de Paris, que Monsieur de Nemours est pâle à faire pitié, que son estomac est tousjours fort malade, sa voix casse�, ses levres mortes, et que les medecins croient qu ' i l est pulmonique, et que neantmoins i l fati gue etrangement, à la dance, à l ' escrime, <au> manege, s ' attachant depuis que son mariage est conclu, et les articles signés de part et d' autre, à tous les exercices necessaires à un prince qui veut porter l ' epée1• De B lois\ que dêpuis qu' Amintas5 a un peu raillé sur les bruits qui couraient de sa pretendue i nclination (V.A.R.11 m' entend bien) on a mis / (F 4r) auprés de luy, des persanes adroites, et confidentes qui remplissent continuellement ses oreilles des eloges qu' ils font à l ' esprit, et au merite de S ilvie6. De Pari s, et du Louvre. Que les filles de la mere d'Amintas7, toutes plus belles que S ilvie, sont etonnées de sa fortune, et que neantmoins elles se consolent, croiant qu'Amyntas a plus ' C 'est la voix d 'un hom1ne mourant ou enroué, qui parle avec difficulté ( FURETIÈRE, op. cil., t. 1, p. 220). ·1 Auparavant, Henri de Savoie avait revêtu l ' habit ecclésiastique; sa complexion avait toujours été maladive. ' Bailly tient vraisemblablement les informations qu' il va donner du baron de Sainte Fricque, qui se trouvait à Blois pour le service du duc d'Orléans. ' Dans cette lettre, Bailly se sert d'un langage chiffré. Selon notre interprétation, avec le pseudonyme cl' Arnintas Bailly désigne le roi Loui s XIV. La 'prétendue i nclination' serait donc celle du roi pour Olimpia Mancini. La Gaz.ette rapporte la nouvelle d'un bal ouvert par le Roi et Mademoiselle Mancini, en l 'honneur du duc de Mantoue, qui eut lieu le 1 3 septembre. " Le nom de Silvie cacherait l' identité d'Olimpia Mancini. ' C'est-à-dire les filles d'honneur de la reine Anne d'Autriche.
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