La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
300 Correspondance d 'A. Baillv - 1 654- 1 655 Monsieur l e Chanc [elierJ me dit hier que Monsieur / ( f0 1 v ) le P [rince] T[homas] estait le plus mal heureux de tous les hommes, V.A.R. ne sçauroit croire ce qu'on en dit ici. Et on ne croit pas qu ' i l soit plus emploié. Celuy qui favorisa Grenu pour vous plaire4, me disait hier, que l ' Epousée fait l ' espri t fort à Fontainebleau\ feignant de ne rien sçavoir de la levée du siège. Et qu' elle joue un plaisant personage. / (f0 2r) Il adjouta deux choses. La premiere que V.A.R. devait avoir deux passions bien differentes sur la levée du siege de Pavie, l ' une de tristesse pour la perte de ses gens, et l ' autre de joye, parce que si on l ' eut prise, elle aurait esté donée au duc de Modene. Et qu ' on aurait mieux fait d' assieger Verceil, ou Trin<'. / (f°2v) La seconde chose qu' il me dit fût que le Roy prend bien plaisir de se divertir avec Mademoi selle Mancini et avec Madame de Mercoeur7, qu'il roule dans sa caleche, pour faire plaisir à Son Eminence, mais que quand on l uy parle d ' inclination ou de quelque dessein p l us grand, i l devient serieux, et fait froid. Il ne se porte pas bien, on le fatigue trap8• ' C'est-à-dire le chancelier Pierre Séguier. ' La cour séjourna à Fontainebleau entre le 1 9 septembre et le 25 octobre; dans une lettre que Mazarin écrivit à la Reine le I" octobre 1 655. le Cardinal insistait sur la nécessité de ménager la princesse de Carignan dans ces circonstances ("Il faut ( . . . ) que vous preniez la peine de la caresser, et que vous disiez au Confident fie Roi] de prendre occasion de l ' asseurer de son affection pour M. son Mary", cf. Lettres du c ardi n a l ( . . . ), cit. , t. VI, p. 1 00). " Le choix de la ville q u ' i l conv iendrait d' assiéger avait causé des discussions qui se poursuivirent pendant six jours; le duc de Modène était plutôt favorable à l ' attaque de la ville de Lodi, tandis que le prince Thomas insistait pour Pavie. ' Laura Mancini, duchesse de Mercoeur (cf. Con: li, p. l l 3, n. 8 ) ; cette nièce de Mazarin avait épousé le duc de Mercoeur en 1 65 1 . ' Le roi tomba malade d'une 'fièvre continue' lorsqu'il se trouvait à Fontainebleau, au cours des premiers jours d'octobre. Les raisons que donne Chéruel (op. cit., t. II, p. 3 1 2) pour cette maladie sont les mêmes qu'allègue Bailly: la fatigue de la campagne militaire de l ' été 1 655, à laquelle le roi assista presque sans interruption, puis les nombreuses fêtes au cours du mois de septembre. Le roi se rétablit complètement vers la fin du mois.
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