La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
304 Correspondance d 'A. Bai/Ir - 1654- 1655 importune, et que je dis ici à tout le monde estre si close, et fermée dans vostre conscience, qu'elle a de liberé de ne paroi stre j amais au dehors sur vos cheveux . On aura escri t de mi l l e endro i t s de l ' emprisonement de Madame de Chatil lon', et le sujet qui l ' a fait aneter, et ainsy pour ne pas importuner / (f° 2r) Y.A.R. de redittes, je ne parlerey point. Seu lement je luy direy qu' il y avoit bien de la matiere coupée pour Son Eminence si sa bonne fortune, qui l uy est si fidele, n 'eut comblé les abysmes que les traistres creusoient à nostre tranqu i l i té . On croit qu ' une epargne qu ' e l le a voulu fai re , n ' ait debauché les esprits, et que les gouverneurs des places que nous tenons en Flandre n ' aient voulu se venger des retranchements qu ' elle proposait de faire de l eurs i mmenses contributions, dont e l l e ne vouloit leur donner qu ' une partie. Tant y a que le peri l a esté grand, pui sque mesme depu i s qu ' on 1 ' a si heureusement decouvert, le Roy a commandé à tous l es gouverneurs / (f0 2v) de se retirer dans leurs gouvernements, et de prendre garde à leur seureté. Madame la mareschale d 'Hoquincourt3 est à Rouan, et traite avec Monsieur Le Tel lier pour i ndemniser Monsieur son mari de son gouvernement de � Isabelle-Angélique de Montmorency. duchesse de Châtillon ( l 626- 1 695 ) , cf. Cori: III, p. 238, n. 1 4. Toujours fidèle à Condé, qui avait été son amant, elle avait provoqué la trahison du maréchal d' Hocquincom1 (cf. note 3). La duchesse fut arrêtée au château de Mello (Oise), où elle habitait et elle fut confiée à l ' abbé Fouquet. qui toutefois la défendit et la fit mettre en l iberté quelques jours après (cf. A. CHÉRUEL op. cil. , t. II, p. 3 1 8). Intimidée par cette an·estation. e lle écrivit toutefois à Condé et à Hocquincourt afin de les faire renoncer au complot. ' Eléonore d' Etampes ( 1 607- 1 679) avait épousé Charles de Monchy d' Hocquincourt en 1 628; Hocquincourt, qui était gouverneur de Péronne et de Ham. venait de démissionner du gouvernement de Péronne. La duchesse de Châtillon. dont il était amoureux. l ' avait décidé à entrer en pourparlers avec les Espagnols afin de permettre au prince de Condé d'entrer dans cette ville; mais Mazarin, qui fut averti du complot par l ' interception d' une lettre, envoya à Péronne le marquis de Navailles pour négocier avec Hocquincourt et quelque temps plus tard. il lui joignit le comte de Noail les. Pour le parti de Condé, on envoya auprès du maréchal d' Hocquincourt B outtevi lle et Arnolfi n i . Pendant ce temps, la femme du maréchal entamait des négociations avec le Cardinal. Après de longues tractations. on accorda au maréchal six cent mille l ivres en guise d' indemnisation pour le gouvernement de Ham. tandis que le gouvernement de Péronne fut attribué en survivance au fils d' Hocquincourt, qui d·ailleurs avait obligé son père à se retirer par la force (cf. A. CHÉRUEL, op. cil. , t. II, pp. 320-2 1 ; Mémoires de Montglat, cit . . p. 3 1 0).
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