La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

3 1 0 Correspondance d'A. Bailly - 1 654- 1655 On croit que Son Eminence qui ne fait rien sans ses fins, luy vouloit faire espouser sa soeur, et Mademoiselle Mancini à son fils aisné, mais on vient de me dire qu' on parle de donner Mademoiselle de Guise4 à ce Duc, et que pour la niepce, on pense tousjours qu ' elle sera pour le Grand Mai stre, et que le retardement n ' est que pour mortiffier Monsieur le mareschal de la Mesliaraie, qui se rendoit au commencement / (f0 2v) difficile à consentir à ce mariage, et qu' il souhaite et demande à cette-heure passionement, et avec grande soumission. On a veu une lettre d ' un Ital ien d' autorité, et de sens" escritte à un grand son ami, en ces termes, sur le bruit qui couroit de la resolution où le Roy estoit d' epouser Mademoiselle Mancin i : "On ne doit point croire à ce mariage, et ceux qui y sont i n teressés sçavent bien, qu ' en matiere de souverains, i l primo giorno l ' amore si sfoga, il secondo si smorza, et i l terzo si cangia spesso in odio, ove si ritrova disparità." Les uns disent que la Reyne est extremement / (f' 3r) contre cette alliance, aiant naturelement beaucoup de cette belle gloire qui enfle i nnocemment et genereusement les grands, et d'autres pensent, qu'elle fera tousjours tout ce que Son Eminence desirera, quoiqu' on puisse dire, et qu' il s sont tres bien d' accord. On donnera au duc François de Loffeine la belle maison de Chantilly qui est à Monsieur le Pri nce, pour s ' y divertir, et peut estre q u ' i l y l ogera tousjours, et long temps. On parle aussi qu ' on l ' investira du duché / ( f0 3v ) de Bar, c ' est à dire pour le revenu , mais sans aucunes places. celle-ci en Flandre au cours de la campagne de cette même année; en effet, les Français avaient obtenu des victoires i mportantes au siège de Landrecies en juin et j u i ll et. puis aux sièges de Condé et de Saint-Gui l lain en août. À cela, i l faut ajouter les pressions exercées par la duchesse Nicole, femme de Charles de Lorraine et les mauvais traitements reçus par les Lorrains des Espagnols. Au mois de novembre, les troupes lorraines qui auraient dû s ' arrêter à l a frontière continuèrent j u sq u ' à Gu i se , ce qui obligea Ligniv i l l e et N icolas-François de L01nine, chefs militaires de cette armée, de céder à la volonté de la troupe. Mazarin, qui toutefois soupçonnait ces deux chefs de trahison, essaya de les gagner par l ' argent et fit un accueil somptueux à Nicolas-François, lors de son séjour à Paris en décembre 1 655. ' Marie de Lorraine, dite Mademoiselle de Guise ( 1 6 1 5- 1 688), fille de Charles de Lorraine, duc de Guise et de Joyeuse et de Henriette-Catherine de Joyeuse, alors duchesse douairière de Guise. En réalité, elle ne se maria pas. li est souvent question d'elle dans les mémoires de Mademoiselle de Montpensier, surtout pour l 'affaire liée à l ' héritage des Guise à la mort de la duchesse douairière. Dict. Nohl., t. XII, col. 4 1 6.

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