La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazette 33 1 37 l ' impossibil i té de donner le quartier d' hyver aux trouppes du Roy dans le Piemont, et qu' i l n ' y fal lait point du tout penser. li me dit les raisons que cet Abbé luy en avoitb aportées, les loua fort aussi bien que le Ministre, et que n ' osant pas s ' expliquer à luy ni luy dire ses sentiments, il ne luy avoit repondu qu' en termes generaux, et dans la civilité ordinaire. I (f°' 1 v) Comme nous estions dans cette suitte de discours, un Ministre1 le vint voir, et' me prenant par l a main me dit: "Vo i l à cel uy qu i peut vous repondre plus perti namment que moy sur tous vos griefs." Je pris cette occasion et sans faire conoistre que j ' eusse l ' honeur d' estre à Y.A.R. ni d ' avoir le bonheur d'estre quelques fois emploié pour son service, je dis que ma naissance, et l a connaissance que j ' avo i s des m i seres de ma patrie, et du zele incomparable que M.R. et generalement tous ses ministres avaient pour le serv ice de cette courone , m ' avoient fai t un peu murmurer du mauvais traitement que recevait cette Princesse, et I ' etat de quelques ministres du Roy qui sont en P iemont, et qui veulent luy causer sa derniere ruine en voulant avoir de force le quartier d' hyver pour l ' armée du Roy, estant certain que cet Etat là, trop petit, ne suffit pas pour le logement des trouppes de S.A.R. et que j 'estois ravi qu' un sur-intendants j uste, genereux, et qui conoit le pays, fut [sic] assesseur de M. R.d / ( f'3r) et entendit mes demandes et mes raisons, ne doubtant point qu' i l me donnerait sa voix et son suffrage pour decharger mon Pays du logement pretendu, et consentirait que l ' on' m' en expediat [sic] un arret. Ces preludes, et ces galanteries achevées, i l me dit qu' il avait cru obliger Y.A.R. et l ' Etat en fai sant hyverner l ' armée du Roy en Piemont, pour les raisons que j ' ai dittes, et qu'il estoit au desespoir de ce que Y.A.R. n ' estoit pas persuadée de la pureté de ses intentions, qu'en foy d' homme d'honeur (ce fut son terme) i l ne regardait que le seul bien de vostre service, et de rendre abondant vostre Pays en argent, comme i l l ' estoit en damées, que l' argent du quartier d'hyver seroit payé tousjours par avance deux mois devant le terme, et que si l ' on y manquait Y.AR. pourrait chasser les trouppes; qu' au 7 Plus loin dans cette lettre. Bailly nous apprend qu'il s' agit d'un surintendant et puisque dom Albert ajoute que ce personnage avait un frère ambassadeur de France au Piémont, !'on peut déduire aisément qu' il s'agit d'Abel Servient. comte de La-Roche-des-Aubiers, marquis de Sablé et de Boisdauphin ( 1 594- 1 669). Il avait été nommé surintendant des finances avec Fouquet en 1 653, au retour de Mazarin de l ' exil. Cf. Corr. 1, p. 22 1 , n. 5 et passim; Con: fI, p . 5 1 , n. J 9 et passim; Corr. I ll, pp. 76-77, n. 1 8 et passim. " Abel Servient, cf. note précédente.

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