La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazerte 334 57 et demi de prison, et y a fai t mettre en sa place celuy qui l ' avait accusé-16• Mais parceque les Puissances ne font j amais aucune faute, pour faire voir que cette capture estait j uste, on l uy a commandé de ne p l us escrire de nouvelles à l ' avenir, et il s ' y est obligé par escrit. Il m' en fit hier mattin le compte en presence de M. le b [aron] de Sainte Fricque'7 qui prit la peine de me venir visiter, et me consoler dans mon rumatisme qui ne me laisse de libre que la main. Mais il a bien besoin / (f06r) luy mesme de consolation, car son cadet48 a imité le marquis de Richelieu, et s ' est mesalié. li fait tout ce qu' il peut pour faire rompre le mariage, et envoyer la galande tondue, et rasée aux Maydelonetes'9, tandis qu ' i l se dispose à envoier semblablement le pretendu epoux faire l ' amour en Flandres. Lande. Accordé le trois du mois de fevrier de l'an 1 65 1 avec Dlle Anne de Montlauseur, fille de noble Bertrand de Montlauser seigneur <le La Mothe et de feue Dlle Marguerite de Serin sa femme ( . . . )". Le personnage mentionné par Bailly pourrait donc co1Tespondre à Louis de Lautrec. La correspondance de Lautrec avec la cour de Turin est conservée aux A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 58, fasc. 9. li devait faire partie de l'entourage du duc d'Orléans et il avait été emprisonné une première fois en décembre 1 652, pour avoir eu intelligence avec le prince de Condé et "pour avoir escrit trop librement [au duc d'Or!éansJ, ainsi qu'à [la duchesse Christine de Savoie] et à Mademoiselle" (cf. Série citée, lett .. de février 1 653 et Con: IV. p. 2 1 9, n . 4). I l fut remis en liberté au mois de février 1 653. À la suite de cet emprisonnement, le Cardinal lui avait interdit d' envoyer des nouvelles hors de France qui fussent contraires aux intérêts du roi (Con·. TV, lett. 3 2 1 . p. 297 ). Il fut all'êté une seconde fois au mois d'octobre 1 653 et embastillé avec l'accusation d'avoir écrit trop de nouvelles concernant le cardinal de Retz; il ne fut libéré qu'en février 1 654 (ihid., lett. 326, n. 24, pp. 3 1 9-20). Madamt; Royale avait été informée de ! "emprisonnement de Lautrec vers la fin du mois de décembre 1 653; voilà ce qu'elle écrivait à l' ambassadeur Aglié à ce propos: "Ci rincresce della nuova disgratia accaduta al Lautrech. ma prima di parlare in favor suo dovrete infonnarvi della qualità del delitto che gli viene ascritto, e poscia, se cosl giudicherete, passar a quegli uffici che non possono pregiudicargli senza pero impegnamento del nostro nome." (A.S.T., Corte, Leflere Ministri - Francia. m. 59, fasc. l - Registro lettere della Corte, f0 843). "' Le nom de celui qui accusa Lautrec nous est resté inconnu. Dans ses lettres à la duchesse, il dit seulement avoir été i ncarcéré par volonté du surintendant Servient ( lett. de février 1 653, cit.). 47 Henri de Baud, baron de Sainte-Fricque. mort en 1 692. Tl était premier chambellan du duc d' Orléans. Con: Il, p. 385, n. 7 et passim; Con: Ill. p. 63 n. 30 et passim: Con: IV, p.40, Il. 2. 4' Il s'agit du frère cadet du baron de Sainte-Fricque, apparemment prénommé Henri comme son frère; novice chez les barnabites à Paris en 1 65 3 , lorsq u ' i l n ' avait que 1 9 ans, il abandonna la vie religieuse et se maria avec Anne Bayard. C o r r. III, p. 328 n. 33. 4'' 'Madelonnettes' était originairement le nom donné aux femmes de mauvaise vie, parce qu'elles étaient renfermées, volontairement ou non, dans un couvent consacré à sai n te Madeleine; ensuite, ce terme désigna une prison spécialement consacrée à ces femmes.

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