La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

60 Correspondance d 'A . Bai/fy - 1654-1655 elle doit tenir pour indubitable que cette ingenieuse maniere de se plai ndre est efficace. J ' envoiey à Monsieur nostre Ambassadeur l ' instruction que V. A.R. avoit fait attacher à ma lettre pour Monsieur I ' Amoretti dont je ne cesserei j amais d' exagerer la conduite et la fermeté, et aujour-d' -huy on m' en a fait le recit avec eloge'. On le voulait faire passer pour petit garçon, luy associant Girard" chargé des depeches, et sans que cet Abbé en eut aucune conoissance, mais i l a bien fai t paroi stre (f°2r, marge gauche) { qu ' i l entendoit les affaires et la difference qu ' il y avoit entre un habile homme et un novice } . / (f0 l v) Madame Servient m' est venue voir, et m'a dit tout ce ·1 L'abbé Amoretti avait eu une audience avec le cardinal Mazarin le 30 janvier 1 654. pendant laquelle il avait entrevu la possibilité d'un accord entre la France et la Savoie sur la question du cantonnement des troupes françaises; celles-ci devaient passer entièrement dans les territoires français: une partie devait se rendre en Provence, et une autre dans la Bresse (cf. A.S.T., Corte. Lettere Ministri - Francia, m. 60, fasc. 2, lett. 2 1 / 1 du 3 février 1 654). Mais quelques jours plus tard, Amoretti remarquait un changement dans l ' attitude du Cardinal et pressentait sa volonté de changer les termes de l' accord. Il avait en fait pénétré l ' intrigue du Cardinal, qui pensait faire revenir Amoretti dans le Piémont sans lui donner le texte de l'accord. Par la suite, il aurait envoyé le texte à travers Girard (cf. note suivante), avec un contenu fort différent (cf. note 4); de cette façon. Amorctti serait accusé d'avoir mené un double jeu. L'abbé réussit à faire en so11e que Girard parte avec lui, mais il ne put empêcher d'être accusé de duplicité. " Le nom de ce personnage, 011hographié le plus souvent Girardi (ou Giraud) figure souvent dans la correspondance de M.R. avec l' abbé d ' Aglié, surtout à la fin de l'année 1 653 (cf. Registm lettere della Corte, ( . . . ). cit .. p. 837) . Ce Girard fut souvent chargé d' apporter à la cour de Savoie des lettres de Paris et vice-versa. D ' après la correspondance de J' abbé Amoretti, Girard avait été envoyé au Piémont pour la question des troupes et il était revenu en France le 3 février (A.S.T.. Corte, Leltere Ministri - Francia, m. 60. fasc. 3, lett. 2 1 /2). Puis, on avait essayé de l' utiliser pour tromper l ' abbé Amoretti. auquel on promettait le départ de toutes les troupes françaises de Piémont: Girard aurait dû partir pour le Piémont un peu plus tard que l'abbé avec le texte des accords, mais ceux-ci auraient été complètement différents par rapport aux négociations menées avec Amoretti. Finalement, il partit pour le Piémont avec celui-ci. Parmi les personnages savoisiens qui pourraient correspondre à ce personnage. A. M ANNO (op. cit., t. Xll) cite Giambattista Girardo (ou Gerardi), mort en 1 699, collecte ur des décisions et sentences du Sénat ( p . 290). Tal lemant de son côté, mentionne plusieurs personnages nommés Girard: Claude, argentier de l' Hôtel de Rambouillet (G. TALLEMANT DES RÉAUX, Historiettes, éd. A. Adam, Paris, Gallimard, 1 96 1 - 1 962 ( "Bibliothèque d e la Pléiade"), 2 vols. t. l, p . 1 1 67 ) ; Guill aume, historien d u duc d' É pernon (ihid. , t. I, pp. 949 et 956); Louis. fils du précédent et comte de Villetaneuse, procureur général de la chambre des comptes de Paris (p. 1 39 1 ) : Charles, neveu de Louis, maître des comptes, puis président de la chambre des comptes en 1 650 (p. l 247). Nous sommes incapables de déterminer avec exactitude l 'identité de ce personnage.