La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
62 Correspondance d 'A. Bailly - 1 654- 1655 Elle adjouta que l a Reyne voulut qu'elle luy presentat les trois musiciens8 que V. A. R . a envoiés à Leurs Magestés, et qu ' il s se sont fait admirer universel lement à tous. Et me dit encore que Sa Magesté l ' entretenant de vostre Cour, luy demanda confidemment les veritables sentiments que V.A.R. avoit d ' elle, et qu ' el le luy repondit, qu' il s estoient non seulement entierement advantageux, mais extremement tendres, et que V.A. R . l uy parlant un jour de Sa Magesté, l uy disoit qu' estant encore en France, vous 1' aimiés passionement et que toute vostre passion estoit de baiser ses belles mains. Cela plust extremement à la Reyne, me dit-elle, et la fit rougir. / (f'3r) Les veritables serviteurs de V.AR . vous conseillent de demander avec perseverance M. de Candale9 pour aller commander les armées du Roy en plupart des troupes françai ses dans le Dauphiné. Puisque l ' ambassadeur et Grancey prétendaient qu'en réalité Amoretti avait négocié avec le surintendant Le Tellier la permanence dans le Piémont de toute J' infanterie française, et non pas seulement de cinq cents honunes de pied comme l 'affirmait Amoretti, celui-ci fut renvoyé à Paris pour arranger l 'affaire (cf., sur cette question, les lettres 24/2 et 39/4 de l ' ambassadeur Aglié) . En réalité, ce fut probablement le Cardinal à imposer à Grancey ce comportement dans l' une de ses lettres. À cette occasion, l'ambassadeur de Savoie à Paris rapporta le bruit selon lequel cette attitude du Cardinal envers la Savoie n'était qu' une manière de se venger de ce que la duchesse ne l ' avait pas accueilli dans ses états lors de son deuxième exile (cf. la lettre 39/4 dans la série Lettere Ministri - Francia. m. 60, fasc. 2). Le comportement arrogant que le maréchal de Grancey tint en cette circonstance acheva d'exaspérer la duchesse, déjà vexée par les pillages et les violences des soldats français. Ce fut toujours pour la question du cantonnement des troupes françaises au Piémont que la duchesse expulsa du duché Nicolas Charpy (cf. bill. 336, n. 2). ' Dans la Muze Historique, t. l, p. 46 1 on lit que vers la fin du mois de janvier, une troupe de comédiens et de musiciens arriva à Paris de plusieurs endroits d' Italie, parmi lesquels Turin, "pour estre au balet royal / Qu'on doit danser au Carnaval [c.à.d. Les Noces de Pélée et Thétis]". Pour ce qui est des trois musiciens italiens mentionnés par dom A lbert, i l s'agit de trois castrats réputés: Antonio Agnadini, mort en 1 657 et Giuseppe Chiarini, qui eut une brillante carrière en France, avaient fait partie des "Musici armonici" dans le Piémont, tandis que Filiberto de Ghigo était au service du cardinal Maurice de Savoie (cf. J. DE LA GORCE, 'Les Noces de Pélée et de Thétis ' d 'après les relations des contemporains dans Les noces de Pélée et de Thétis: Venise, 1 639-Paris, 1 654: actes du colloque international de Chambéry et de Turin, 3-7 novembre 1 999, textes réunis par M . T. BOUQUET-BOYER, Bern, P. Lang, 200 1 , pp. 33-49, en particulier la note 75 de la p. 75). Pour une vision générale de la musique dans les états savoisiens au XVll' siècle, cf. M. T. BOUQUET-BOYER, Musique et musiciens à Turin de 1648 à 1 775. Turin, Memorie del!'Accademia delle Scienze di Torino, 1 968. '1 Louis-Charles-Gaston de Nogaret de la Valette, duc de Candale ( J 627- 1 658). U avait obtenu la charge de colonel général de l ' infanterie en survivance de son père en 1 649, mais il ne
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